Chronique

Paddy Milner

The Curious Case Of… Paddy Milner

Paddy Milner (p, voc, kb, perc), Alex Reeves (dms, perc), Reuben Crowther (tuba), Ben Somers (sax), Jonathan Radford (tp), Bob Dowell (tb), Nihan Radford (cello), Eddie Martin (harmonica).

Il émane du quatrième album (distribué par Rue Stendhal) de l’Anglais Paddy Milner, une bonne humeur communicative. La trentaine échevelée, ce pianiste-chanteur aligne pour l’occasion une petite quinzaine de songs à consonance jazz, blues et boogie woogie, et semble n’avoir qu’une seule idée en tête : diffuser une bonne dose d’énergie positive en s’appuyant sur un jeu dont la dynamique est essentiellement propulsée par une main gauche endiablée. Le piano est ici au centre d’une musique enrichie de percussions dont Milner joue lui-même, accompagné par Alex Reeves. Parfois la formation s’étoffe et le solo (ou duo) s’enrichit, principalement d’instruments à vent. Le chant n’a plus qu’à s’épanouir sur un terrain favorable à l’expression de sa fougue mélodique, et il est difficile de résister : cette tornade britannique ne nous veut que du bien, même s’il est possible que dans quelques années, on ne s’en souvienne que d’assez loin. Pour l’heure, la machine à groove est bien en place, et il faudrait avoir l’esprit chagrin pour ne pas se laisser contaminer par le virus amical que Paddy Milner souhaite transmettre.

La plupart des compositions sont de lui, mais il s’autorise quelques relectures qui s’harmonisent bien avec l’ensemble, dans un flux continu de joie de vivre : « Come On In My Kitchen » de Robert Johnson, « Things Behind The Sun » de Nick Drake, « Louisiana Blues » de Muddy Waters ou « Disturbia », une chanson de Rihanna, sans oublier « Unsquare Dance » de Dave Brubeck, déjà repris sur un précédent album, mais avec un traitement rythmique différent. La réalisation du disque – auquel a collaboré Jean-Michel Bernard, compositeur des films de Michel Gondry – est irréprochable, et ses 45 minutes défilent à la vitesse de l’éclair sans que jamais l’ennuie ne guette un seul instant.

Paddy Milner – francophile pour des raisons sentimentales, en particulier – a un petit côté ébouriffant très convaincant. Parmi ses récentes expériences, on notera son entrée dans le groupe de Jack Bruce (bassiste de Cream dans les années 60 aux côtés d’Eric Clapton et Ginger Baker), qui ne tarit pas d’éloges sur sa nouvelle recrue : « Milner est formidable et The Curious Case est un très chouette album : je le recommande vivement ; quand on l’écoute, c’est comme si les choses se mettaient à aller mieux ! ».

Bien vu, Mr Bruce, c’est tout à fait ça. The Curious Case Of… Paddy Milner est un disque dont la bonne santé et la mine réjouie ouvrent une brèche dans la grisaille ambiante. Cet enthousiasme sincère et résolument humble justifie à lui seul qu’on lui accorde un peu de temps. Et on ne s’en portera que mieux.