Scènes

The Amazing Keystone Big Band fait son Carnaval

Le Carnaval des Animaux à Saumur le 13 février.


Dessin : Lydiane Ferreri

Salle comble dans le beau Théâtre de Saumur (restauré en 2014) pour le concert du Amazing Keystone Big Band. Public d’enfants, parents et grand-parents : ceux qui ont conservé une once d’émerveillement dans les yeux et les oreilles pour s’enthousiasmer pour ce type de programmation sont là. Il faut dire que le spectacle proposé est à la hauteur de l’attente.

Le big band en son entier (dix-sept musiciens) investit l’intégralité du plateau. Les soufflants (saxophones, clarinettes, trombones, trompettes, tuba) installés derrière leur pupitre sont légèrement surélevés ; le piano, la guitare, la basse et la batterie sur le devant de la scène. Ils jouent pour la énième fois (plus de cent représentations) leur adaptation du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns qui tourne depuis 2015. De quoi craindre la lassitude avant que ne débute le concert.

C’est bien le contraire ! Grâce à une mécanique imparable et surtout un collectif qui semble s’amuser autant qu’il divertit son public, ce Carnaval jazz est une réussite. Incarnée par le récitant Sébastien Denigues (en lieu et place d’Edouard Baer qui officiait sur le disque) dans le rôle du loup (il théâtralise ce qu’il faut son interprétation et passe d’une morgue lupine à une décomposition jubilatoire), cette histoire saugrenue et réjouissante en guise de fil rouge pour les plus jeunes permet de surcroît de leur présenter l’intégralité de l’orchestre.

Le big band en son entier, photo Gérard Boisnel

Aucune personnalité ne tire la couverture à soi mais chaque individualité tient sa place avec conviction en assurant la cohésion du groupe. Représentant les animaux avec leur instrument (tortue, éléphant, coucou pour le trombone, sax ténor, tuba, etc.), les musiciens passent devant le public pour trousser des solos enlevés et décalés, évitant le sérieux et faisant passer la virtuosité au second plan. Priorité à la dynamique générale, qui avance pied au plancher. Aucun temps mort, en effet : bénéficiant du volume de l’orchestre et du chatoiement d’arrangements réussis, le tout reste lisible, divertissant et pédagogique.

Sans le chercher particulièrement, sans le présenter comme tel en tout cas, The Amazing Keystone Big Band feuillette, en effet, le catalogue des différentes formes du jazz : be-bop, funk, jazz brésilien, etc. et dévoile une belle variété de climats. Le final, comme de bien entendu/attendu, éclate en feu d’artifice et le rappel se termine en une fanfare qui serpente entre les fauteuils de la salle. Une soirée complètement amazing.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 11 mars 2018
P.-S. :

David Enhco (trompette), Fred Nardin (piano), Bastien Ballaz (trombone) et Jon Boutellier (saxophone ténor), Loïc Bachevillier (tb), Aloïs Benoit (tb), Félicien Bouchot (tp), Pierre Desassis (as, cl), Thibaut François (g), Kenny Jeanney (as, ss), Vincent Labarre (tp), Patrick Maradan (b, elb), Eric Prost (ts), Ghyslain Regard (fl, picc), Romain Sarron (dms), Jean-Philippe Scali (bs, clb), Inor Sotolongo (perc), Thierry Seneau (tp), Sylvain Thomas (tb, tuba).