Chronique

Trio Grande

Trois Mousquetaires

Michel Massot (tu, tb), Laurent Dehors (bcl, cl, cbcl, ts), Michel Debrulle (dms, perc)

Label / Distribution : De Werf

Puisque nous connaissons nos classiques, qui pense aux Trois Mousquetaires ne songe pas seulement joutes, fidélité et gaillardises. Les fins bretteurs du roi (de Belgique, il va de soi) évoquent aussi le surnombre : c’est qu’ils étaient quatre, les mousquetaires, et ils le furent ! Durant deux albums, le Trio Grande de Michel Debrulle et Michel Massot, né dans les années 90 des cendres encore brûlantes du Trio Bravo (Laurent Dehors y a remplacé Fabrizio Cassol) a été un de plus avec le pianiste Matthew Bourne. Après une belle Histoire d’amour avec le saxophoniste rouennais, le Britannique est parti, laissant les mousquetaires se recentrer sur le devenir du Plus Petit Big Band du Monde, tel qu’ils aiment à se définir.

Avec des morceaux comme « Si c’est pas », signé Massot dont le tuba tient une ligne de basse aussi bondissante et tranchante qu’il se peut, l’orchestre se fait même fanfaron. Une attitude qui perdure dans le magnifique « Les tambours de Binche », déambulation où le groove de Debrulle permet à ses complices toutes sortes de facéties. Tous pour un, certes, mais surtout un pour tous, tant la connivence est palpable et joyeuse. Laurent Dehors, dans ce registre, est forcément à son aise. Sa reprise de « Disco », tiré des Sons de la Vie, est vitaminée et allègre ; sa clarinette contrebasse croise le fer avec le trombone de Massot. L’orchestration est l’occasion de découvrir ce titre d’habitude joué avec Tous Dehors dans une version amincie mais cependant gourmande. Il est en proximité avec « Sur les bords du Niger », plus placide, qui rappelle l’attachement des deux Liégeois au continent africain.

Alexandre Dumas écrit, dans des notes de pochette sans doute apocryphes, que Trio Grande est « un hymne à la vie et à la beauté, à l’écart de toute intention niaise ». Les Trois Mousquetaires nous servent effectivement un remarquable concentré de joie et d’insouciance, qui pourrait s’éparpiller entre chanson populaire dépenaillée (« Quand on se promène ») et jazz de contrebande (« Rag »). Mais il y a une telle tenue et une si belle poésie tout au long de ce disque qu’on goûte ce retour du Trio Grande avec un énorme plaisir. Un concentré d’effervescence guillerette et chaleureuse.