Angel Bat Dawid

Angel Bat Dawid est une personnalité exceptionnelle. En tous points remarquable, physiquement (elle arbore des tenues bigarrées et originales sur sa large stature), musicalement (elle est clarinettiste, joue du clavier, chante, déclame) et intellectuellement (elle porte un message politique et spirituel avec conviction et détermination).

Cet album The Oracle aussi est exceptionnel.
D’abord par sa conception : il a été entièrement enregistré et mixé par la compositrice sur son smartphone, chez elle ou en tournée, et elle y joue de tous les instruments, voix et sons divers. Initialement conçu pour le format K7 magnétique, cet enregistrement est finalement sorti en CD et en vinyle sur le toujours surprenant label de Chicago, International Anthem.

La clarinette se mêle aux sons électroniques, aux percussions et aux voix. Très spirituelle, Angel Bat Dawid porte l’étendard du peuple africain américain dans toute son histoire politique, culturelle et religieuse. On pense aux preachers, on pense à Yusef Lateef (à qui est dédié le premier morceau), à Rahsaan Roland Kirk (autre clarinettiste fantasque), on pense aux Last Poets, à Sun Ra ou à Marion Williams… bref, on entend dans cette musique le kaléidoscope de la Great Black Music dans sa complexité et aussi l’immédiate facilité d’accès.

Même sur « Capetown », unique morceau enregistré en direct avec le batteur Asher Simiso Gamedze et qui se compose d’un long duo improvisé entre la batterie et la clarinette, le message est évident.
Le texte et la voix sont mis en avant, notamment sur le cantique « What Shall I Tell My Children Who Are Black » d’après un poème de Dr. Margaret Burroughs de 1963, qui pose la question au centre de sa dialectique globale.
Sur « We Are Starzz », un choral très lent, elle explore toutes les rondeurs possibles des sonorités et les harmonies les plus soul pour mieux les ébrécher ensuite.

Une véritable conteuse, une griote urbaine, une musicienne poignante, Angel Bat Dawid est tout cela avec cet album.