Chronique

Başak Yavuz

Raum 610

Başak Yavuz (voc), Max Leiß (b), Martin Krümmling (perc).

Label / Distribution : Auto Productions

Figure atypique mais incontournable de la scène jazz turque, la chanteuse Başak Yavuz propose avec Raum 610 un disque étonnant et versatile, qui regarde tout autant en direction d’une pop raffinée mâtinée de décalages colorés et subtils (« Little Ghost ») que vers un jazz moderne biberonné aux ballades, bien soutenu par le percussionniste Martin Krümmling (« Farewell My Love »). C’est la première direction qui retient ici l’attention, car elle révèle la personnalité d’une chanteuse installée depuis des années à New York, où elle a fait des études brillantes de musicologie autour de la figure de Coltrane.

Enregistré en Allemagne, Raum 610 a cet aspect tannique des premiers disques de Tom Waits, où la pénombre aurait laissé place à des heures plus ensoleillées. Un morceau comme « Professor », perclus d’effets de voix et ruptures soudaines, assume quelques gènes zappaiens récessifs, bien servis par une base rythmique où Max Leiß rejoint Krümmling à la basse. Raum 610 est un disque étonnant et réjouissant qui met en valeur une personnalité forte nous rappelant qu’en jazz aussi, aux côtés de phénomènes rock comme Kalaha, Şattelites ou bien entendu Altin Gün, le sud des Balkans a de nombreuses choses à nous apporter.

par Franpi Barriaux // Publié le 5 janvier 2025
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