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Edition du 24 mars 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Décès d’Ahmet Ertegun (AFP)

Communiqué (AFP) :

Décès d’Ahmet Ertegun,
fondateur du label Atlantic

Le producteur Ahmet Ertegun, fondateur du label indépendant Atlantic Records
qui fit découvrir Ray Charles ou la chanteuse Aretha Franklin est mort mardi à l’âge de 83 ans, a indiqué jeudi cette maison de disques basée à New York.
Surnommé « l’oreille turque de la musique noire » en raison de ses origines
ottomanes, Ahmet Ertegun était plongé dans le coma depuis octobre dernier à
la suite d’une mauvaise chute survenue à l’issue d’un concert des Rolling
Stones à New York.

Fondé en 1947, Atlantic a donné une chance à de nombreux artistes noirs de
s’exprimer à une époque où les grandes maisons de disques américaines
recentraient leur activités sur la musique blanche.

Des géants du jazz comme Charlie Mingus, John Coltrane ou Ornette Coleman produiront leurs disques sous ce label. C’est Atlantic qui a sorti les
premiers disques de Ray Charles. Les années 60 voient l’apogée d’Atlantic
propulsant de jeunes artistes comme Aretha Franklin, Otis Redding et Wilson Pickett.

Atlantic s’ouvre à de nouveaux styles en intégrant à son catalogue
de nombreux artistes de la scène acid-rock californienne et également des
jeunes Anglais comme les Rolling Stones qui signent chez Atlantic en 1971 et
Led Zeppelin. A la fin des années 70, Atlantic rebondit sur la vague disco
avec Donna Summer. Sur le catalogue ont trouve encore Yes, The Bee Gees,
AC/DC, Chic, ABBA. Atlantic perdra son indépendance dans les années 80 et
est aujourd’hui la propriété du groupe Warner Music.

Ahmet Ertegun, éternel dandy, amateur éclairé de football, devrait être
enterré dans sa Turquie natale. Fils d’un diplomate turc, francophone, Ertegun expliquait ainsi dans un journal suisse pourquoi il avait créé Atlantic : « Nous n’avions pas de préjugés contre les Noirs, voilà tout. Je n’aurais jamais pensé que nous finirions disquaires. Mais nous aimions cela ».

Après le succès du film « Ray » sur la vie de Ray Charles il avait dit : "En
réalité, à cette époque, j’étais la seule personne qui aimait Ray Charles.
J’ai acheté son contrat sans l’avoir jamais vu. J’avais entendu une seule
chanson. Quand il est arrivé à New York, je lui ai annoncé qu’il deviendrait
une grande star. Il était tout timide. Il s’est contenté de me remercier et
de me promettre qu’il jouerait tout ce que je voudrais".

En juin, le festival de Montreux avait rendu hommage à Atlantic Records et à
son fondateur. Interrogé à cette occasion sur ses débuts, il répondait :
"Quand j’ai commencé, je n’étais ni artiste ni businessman. J’étais un fan !
Et je suis encore un fan. Mais je suis devenu tout ça malgré moi :
compositeur, producteur, businessman. On devient tout cela parce que la vie
vous y mène. La vérité c’est que j’ai eu une vie merveilleuse car mon
travail fut celui que j’aurais voulu faire pour m’amuser ! Un hobby ! De tous
les arts, la musique est celui qui vous offre la satisfaction la plus
directe. Un soulagement immédiat ! Un peu comme la poésie et la peinture.
Mais les effets de la musique sont irremplaçables".

  • WASHINGTON, 14 déc 2006 (AFP)