Chronique

Electro Deluxe

Home

James Copley (voc), Thomas Faure (sax), Jérémie Coke (elb), Gaël Cadoux (kb), Arnaud Renaville (dms), Vincent Payen (tp), Bertrand Luzignant (tb), Stéphane Edouard (perc), Nyr Raymond (voc).

Label / Distribution : Autoproduction

Quatrième album en studio pour Electro Deluxe [1], mais surtout la confirmation d’un tournant dans l’histoire du groupe, dont on se souvient qu’il a fêté ses 10 ans en octobre 2011. Donné dans un Alhambra enfiévré, ce concert haut en couleurs avait abouti à un Live In Paris double (2012) qui soulignait la personnalité charismatique de James Copley, chanteur américain survolté. Ce dernier avait embrasé la salle grâce à une énergie puisée dans les souvenirs de ses dimanches d’enfance passés à chanter dans les églises aux côtés de son père pasteur. Après sa rencontre avec Thomas Faure, Gaël Cadoux, Jérémie Coke et Arnaud Renaville en 2010, on avait déjà pu l’entendre une première fois sur Play et dès lors, l’évidence s’impose : Electro Deluxe a trouvé sa voix et, devrait-on dire à l’écoute de ce Home qui paraît aujourd’hui chez Stardown/Musicast, aussi sa voie : moins, voire plus du tout Electro, mais toujours plus Deluxe. Au point qu’aujourd’hui, James Copley semble être le front man, un entraîneur qui signe par ailleurs tous les textes. Ce qui ne doit en rien minimiser le travail de fond accompli par ses camarades créateurs, qui savent aussi aller au charbon sans lui - en témoignent quelques instrumentaux vitaminés (« Free Yourself », « G-Force », « Ground », « Turkey »). Mais le chanteur est habité et l’homme magnétique, c’est ainsi…

Plus que jamais, Electro Deluxe ancre sa musique, avec force et conviction, dans un répertoire intemporel qui trouve sa source dans ses vieilles amours de la soul music et du funk. Un retour aux origines - est-ce là la signification de Home ? - celles des labels Stax, Atlantic ou Motown et des maîtres chanteurs que furent Ray Charles, James Brown, Otis Redding… et tant d’autres. Home, enregistré à l’ancienne avec du matériel utilisé dans les années 70 (Clavinet D6, Wurlitzer, Fender Rhodes, …) est aussi, à sa manière, un disque sous influence, celle du Big Band dont le groupe s’entoure régulièrement sur scène [2] et qui lui sert de véritable rampe de lancement. Douze soufflants qui emportent tout avec eux… mais ne sont pas cette fois au générique ! Comme par malice, leurs stigmates enflammés sont perceptibles tout au long des douze titres – brefs, efficaces, aux titres courts claquant comme des étendards – qui composent l’album et ruissellent d’une chaleur cuivrée. On comprend alors la nécessité pour le groupe de maintenir gonflées les voiles de son navire : le trompettiste Vincent Payen reçoit pour ce faire le renfort de Bertrand Luzignant au trombone, formant avec Thomas Faure (saxophone) un trio dont la puissance est suffisante pour qu’on ne ressente jamais le manque qui pourrait naître de l’absence de la furieuse cohorte. Tout va très bien de ce côté-là, Electro Deluxe a trouvé une bonne formule.

Le pari est réussi : Home est un disque généreux, sans le moindre temps mort, et d’une sensualité musclée qui devrait lui valoir un beau succès. Certes, il n’est en rien révolutionnaire, mais il se présente comme une célébration moderne et chaleureuse de l’héritage de ses glorieux inspirateurs, tous ces grands qui ont conquis depuis longtemps leur part d’éternité et n’en finissent pas de chanter leur âme. Avec cette démonstration spontanée et actuelle, Electro Deluxe entre tranquillement dans la cour des gardiens du temple de la soul music et donne envie de le rejoindre dans sa danse diablement funky, celle du « Devil » qui ouvre l’album, par exemple !

par Denis Desassis // Publié le 7 octobre 2013

[1Après Stardown (2005), Hopeful (2007) et Play (2010).

[2Telle était la configuration du concert de l’Alhambra et de Live In Paris.