Le Fire ! Orchestra est une fantastique machine musicale qui n’en finit plus d’exposer les plus belles idées, bouillonnantes et collectives. On les avait quittés avec Arrival, un album salué par toute la critique musicale européenne, une merveille.
Ils reviennent avec ECHOES, une fresque homérique qui traverse le temps, les continents et les époques. Mats Gustafsson, saxophoniste baryton et coleader du trio Fire ! à l’origine de l’orchestre, explique la fabrication de ce projet dans cet entretien.
La structure de cet ensemble hors norme repose sur la division en chapitres « ECHOES » (6 dont un en deux parties). Chaque « ECHOES » est un mouvement musical puissant et orchestré dans l’instant. L’orchestre, lui aussi hors norme, de 43 musicien.ne.s rassemblé.e.s pour porter d’une seule voix le chant de la terre, la pulsation tellurique et entêtante, les bourrasques et les grandes marées agitées - autant d’images qui surgissent à l’écoute de cette musique -, est constitué de fortes personnalités aux identités bien définies.
Entre les « ECHOES », des formes de plus petites dimensions orchestrales viennent ponctuer le déroulement, l’enrichir et l’habiller, comme un lierre sur un mur de pierre.
Sans abandonner la voix chantée, qui est une constante dans l’orchestre, cet album ECHOES met plus l’accent sur l’instrumental, profitant d’un nombre impressionnant de possibilités offertes par la quantité d’instruments disponibles lors de l’enregistrement. Cela donne lieu à des nouvelles musiques inouïes, des mariages d’amour entre cultures et sonorités. Comme toujours, les cordes assurent la houle et la rythmique la pulsation cardiaque.
Sur quatre titres, on peut entendre les voix de quatre chanteur.euse.s qui déclament leurs propres textes. La scansion lente et envoutante de Mariam Wallentin est toujours aussi efficace pour attirer l’auditeur.trice dans son monde, c’est une sirène. La présence du saxophoniste Joe McPhee est particulièrement truculente avec une intervention chantée dans la veine blues d’un Slam Stewart, ou même d’Archie Shepp. Celle de David Sandström arrive après un embrasement de tout l’orchestre pour une poésie décalée aux teintes rock.
ECHOES est un album-monde, une entreprise syncrétique musicale vivante et en devenir. C’est une musique qui donne raison à la vie. Une musique vivante et immortelle.