Frode Haltli

Trois ans après le premier Avant Folk qui nous avait déjà enthousiasmés à l’époque, l’accordéoniste norvégien Frode Haltli revient avec ce volume deux. Dans l’intervalle, il nous avait fait patienter avec deux morceaux sortis durant l’année 2020 : un réalisé à distance pendant le confinement (« Quarantine Quilt »), un autre paru en décembre, arrangeant des bouts d’airs traditionnels et chanté par Helga Myhr, « St Morten ».
Dans cette deuxième mouture, on est en terrain de connaissance : mêmes musiciens, mêmes ambiances, même musique climatique. Mêmes longs développements, même musique faite de longs et vibrants crescendos.

Quatre morceaux composent l’album. « Doggerland » est construit autour d’une mélodie primesautière emplie d’allégresse. A mi-parcours, la musique semble perdre les pédales et basculer dans une certaine étrangeté. Chaque musicien paraît se désolidariser de la partition en s’immergeant dans sa propre intimité. Bruits sourds, éclairs irisés, mélange des timbres, bribes de mélodies. C’est par le violon de Hans P. Kjorstad que tout le monde retrouve son chemin à travers la mélodie originelle pour clore cet hymne grandiose et lyrique en diable. Dans « Nordlys », le récit s’étire au rythme de la trompette suspendue d’Hildegunn Øiseth et de l’accordéon du leader, avant d’être rejoint par les autres membres du groupe dans une avalanche de douceur. Dans « Gravberget » ce sont les deux violonistes, Hans P. Kjorstad et le fabuleux Erlend Apneseth, qui mènent la danse, emmenant dans leur folle farandole l’ensemble de la troupe ; le morceau bascule soudain dans une sorte de folk rock progressif à l’énergie subite. « I Østen som i Vesten (All Over the Place) » clôture le voyage dans une ambiance grandiloquente et électrique, nous laissant dans une transe toute nordique.