Hedvig Mollestad & Trondheim Jazz Orchestra

Habitué à de nombreuses collaborations qui enrichissent et renouvellent son répertoire, le Trondheim Jazz Orchestra dont nous avions noté la luxuriante efficacité lors du disque précédent invite, ou plutôt se met au service de la guitariste électrique, elle aussi norvégienne, Hedvig Mollestad. Figure emblématique d’un son très rock sur son instrument, cette guitar-héroïne, dont le jeu se place dans le prolongement de ses grands aînés (Jimi Hendrix, Jimmy Page, Jeff Beck pour le dire vite) n’avait pas eu l’occasion jusqu’ici de montrer une facette plus subtile de son travail.

En effet, ayant écrit l’intégralité des titres qui constituent ce programme, de même que les arrangements pour les treize musiciens (elle comprise) qui forment l’orchestre, elle donne une belle amplitude à ce répertoire ambitieux qui se veut un hommage à sa récente maternité (si on interprète justement le titre). Bien sûr, quels que soient les contextes, le caractère reste le même et Mollestad continue de gratifier les auditeurs des riffs tranchants qui sont sa marque de fabrique, mais ne s’égare pas ici dans des soliloques soniques inutiles.

Tout est, au contraire, pesé ; les ingrédients sélectionnés avec le projet d’exploiter les capacités de cette formation élargie. Batterie tapageuse lorsque nécessaire, basse puissante bien installée dans le fond et des sections de cuivres qui colorent le tout à grands coups de rythmiques frontales, l’ensemble peut aussi exprimer des nuances délicates qui usent d’un vocabulaire varié (du blues, du jazz, du rock donc, mais aussi des inflexions venues du contemporain) en échafaudant des pyramides de son dans lesquelles les strates (les flûtes et cordes bien en haut) produisent un effet plein et mobile. L’écriture de Mollestad n’est sans doute pas encore totalement synthétisée mais, en tout cas, elle fait preuve d’une diversité assumée.