Chronique

JE’RAF

Throw Neck

Brianna Tong (voc), PT Bell (voc, b), Wills McKenna (ts), David Fletcher (tb), Ishmael Ali (g, electronics), Eli Namay (b), Bill Harris (dm)

Label / Distribution : Amalgam

Basé à Chicago, le jeune collectif d’artistes Amalgam distille ses productions depuis 2015 dans un catalogue déjà bien fourni et pluridisciplinaire. On a pu en avoir un aperçu avec Dawá, un album de musique improvisée qui associait le trompettiste français Timothée Quost aux Américains Ishmael Ali et Bill Harris. On retrouve ces deux derniers dans cette nouvelle production du collectif, Je’raf, un septet autoproclamé de danceable-woke-conspiracy-theory-noise-hip-hop-metal-jazz-funk monologue-core.

Cette rafraîchissante équipe illustre une réalité qu’on attribue désormais à Chicago. On a en effet coutume de dire qu’après Los Angeles et New York, la « ville-champignon » devient la troisième pépinière d’artistes des USA, avec cependant une volonté marquée de repenser les circuits de la production artistique (toutes disciplines confondues), c’est à dire sans intermédiaire entre l’acheteur et l’artiste. C’est pile la ligne que s’est fixé Amalgam. Et ça marche.

Si un mot devait lier toutes les intentions de Throw Neck, c’est le groove qui parcourt ce disque. Je’raf se montre très à l’aise dans tous les registres qu’il explore avec une joie communicative. On entend du free jazz, du hip-hop, de la funk, et même de la pop (furtive). Sur ce canevas sonore se posent des textes qui égratignent au passage l’Amérique, la police, la religion et autres joyeusetés.

Je’raf nous révèle aussi et surtout sept artistes de talent, qui maîtrisent leur ouvrage jusqu’à le détourner. La qualité des compositions et de l’interprétation n’effacent pas - au contraire -, une volonté manifeste de jouer avec les codes et les gimmicks trop attendus, pour que la fraîcheur de la musique prime. Le tout réalisé avec la subtilité d’un bon dosage, et Throw Neck apparaît comme un disque qui fait du bien. Tout simplement.