Jean-Pierre Jullian Quartet

Plus on avance dans les montagnes du Chiapas, plus la troupe réunie par le batteur Jean-Pierre Jullian s’allège. On avait commencé à six cette vieille quête, à la rencontre des troupes du sous-commandant Marcos dans Ma y Ma, et puis c’est en quintet qu’on s’était engagé dans la Forêt Lacandone en 2022. C’est en quartet désormais, sans basse à cordes, qu’on retrouve le batteur dans une clairière plus apaisée. La bande marche toujours avec le goût de la liberté, bien encadrée par les deux musiciens qui avaient bâti les couleurs du précédent épisode, au-delà de Jullian lui-même ; le vibraphoniste Tom Gareil offre beaucoup de profondeur et d’espace à l’orchestre. Quant au flûtiste Etienne Lecompte, il est là pour offrir une énergie dans laquelle la batterie mord avec avidité.

C’est Guillaume Orti qui clôt la marche, en proposant une structure solide au saxophone baryton sur la suite « Presqu’île » où tous les faisceaux convergent avec une certaine légèreté. Composé de quatre mini-suites comme autant de récits, Mitoa célèbre l’aventure avec un goût de panache. Pas des histoires fantasmagoriques où des héros musculeux sauvent veuve et orphelins avec des postures guerrières. Davantage un doux rêve d’enfant, une utopie émancipatrice (« Tetra »). La présence d’Orti à l’alto et sa discussion incessante avec Lecompte évoquent des liens lointains (et impairs) avec le M-Base, dont l’influence se ressent ici où là, notamment dans « Oy 17 » où les tourneries choisies par les soufflants s’imbriquent pour former un tout solide.

La musique de Jean-Pierre Jullian est toujours aussi vivante et farouche. Moins touffue que ne l’était la Forêt Lacandone, elle offre plus d’espace à l’errance des deux percussions, qui sont encore une fois au cœur de ce récit. Avec Mitoa, le batteur offre une pause à sa longue randonnée au Mexique pour rêver le temps d’une pause. La prochaine étape sera-t-elle en trio ?