Josephine Davies

Le premier disque du trio de Josephine Davies paru voici trois ans avait déjà touché les oreilles des auditeurs avertis et cette nouvelle proposition ne peut que confirmer le bien qu’on pense de cette saxophoniste anglaise. Une nouvelle fois enregistrée en live dans une salle d’Oxford, Josephine Davies fait valoir l’étendue de son instrument à travers une suite de pièces qui suivent les préceptes du principe bouddhiste des Roues du Dharma. Peu importe de n’y rien entendre en matière de transcendance zen, la musique parle d’elle-même.

Particulièrement au ténor, son timbre est à la fois mordant et d’un moelleux prenant qui lui permet de dévaler les gammes avec onctuosité ou d’insister avec conviction sur des riffs incisifs. Sans pour autant s’emporter et brûler tout sur son passage, elle préfère toutefois tenir un discours contenu qui lui donne l’occasion d’explorer de multiples sentiments. S’appuyant sur une section rythmique aussi stimulante qu’en interaction permanente avec la soliste, la configuration tripartite tente de porter le plus loin possible les capacités d’une musique prise dans le vif du moment et qui privilégie un swing moderne traversé de brisures.

Aidée en cela par Dave Whitford, à la basse, qui l’assiste en lignes mélodiques vaporeuses, elle touche au cœur dans le titre “Nirodha : the Possibility of Liberation”, évoquant à sa façon le Coltrane d’Alabama par son approche rentrée d’une sensibilité poignante. A la batterie James Maddren remplace Paul Clarvis et sous des airs de partenaire discret échafaude quelques matrices rythmiques obliques qui permettent de stimuler les échanges. Au sein du trio, la musique circule en permanence dans le souci toujours renouvelé de maintenir à niveau l’entreprise collective.