Tribune

La Jazz Hotte 2021

Immarcescible sélection de cadeaux indispensables pour Noël


Comme tous les ans, Citizen Jazz vient au secours des acheteurs de cadeaux en panne d’inspiration. Le destinataire aime la musique ? Keep calm and follow the line. Voici, cette année encore, quelques pistes pour des cadeaux sûrs qui, venant d’être publiés, ne risquent pas d’être en double.

Cette année, c’est les 20 ans de Citizen Jazz, un magazine fantastique qui, sans relâche, réalise un travail de défrichage et de diffusion de la musique jazz et improvisée européenne .

Pour son anniversaire, Citizen Jazz a fait fabriquer, avec l’aide généreuse de nombreux.ses musicien.ne.s qui ont offert des morceaux de musique, un superbe double album vinyle 33 tours (et son supplément collector en 45 tours). Plébiscité par les médias internationaux comme France Musique (Open Jazz), Fip (Jazz à Fip), Jazz Magazine, Muziq et Citizen Jazz (le double LP est ELU cette semaine !), mais aussi Jazz-Fun.de, Jazzmania et Jazz’halo en Belgique, le disque XX Citizen Jazz vous tend les bras et les oreilles sur cette page-ci.

Si vous avez néanmoins l’envie de faire d’autres cadeaux (parce que vous avez déjà offert ce double album), voici deux livres musicaux étonnants.

Le premier Get Back (by The Beatles) est un gros ouvrage édité par Apple/Seghers et qui propose l’intégralité des dialogues (en français) que l’on entend dans les trois épisodes de la série Get Back (en cours sur Disney+) de Peter Jackson illustré par des images issues du documentaire et quelques photos prises pendant les séances de l’album Let It Be (puisque c’est de ça dont il s’agit). The Beatles n’est pas un groupe de jazz, mais leurs appétences musicales s’en approchent ; aussi, ce livre a toute sa place ici.

Les éditions du Layeur on lancé une nouvelle série de livres sur la musique qui s’appuie, comme base narrative, sur les pochettes de disques d’un artiste/groupe. On y trouve ABBA, the Rolling Stones, Pink Floyd, Jacques Higelin, Leonard Cohen… et Chick Corea.

Pour ce dernier, c’est le musicologue Ludovic Florin qui présente le parcours du claviériste/pianiste en le suivant de disque en disque, en leader ou en sideman, retraçant ainsi toute la carrière du phénomène. Plus de 300 disques sont ainsi décortiqués sous forme de chroniques et illustrés en grand format par les pochettes et les livrets de vinyle et des CD. Une entreprise gigantesque qui s’appuie également sur des entretiens avec des musiciens qui racontent leur Chick Corea.

Quoi de plus sain qu’un coffret regroupant les enregistrements historiques d’un.e artiste reconnu.e ? C’est un exercice familier des fins d’années et cette fois-ci c’est le label American Jazz Classics qui s’y colle.
Quatre références sont proposées, de 3 CD chacune avec un livret conséquent. Sonny Rollins Trio et les concerts européens de 1959, Louis Armstrong : The Complete Dukes of Dixieland Recordings et Ella Fitzgerald sings the Gershwing Song Book .

La dernière regroupe les séances de Charles Mingus organisées par le critique musical Nat Hentoff en 1960 pour le jeune label Candid. En invitant le contrebassiste à enregistrer ses formations en toute liberté, le label et le critique ont bouclé en deux séances (octobre et novembre 1960) le matériel qu’on retrouvera par la suite sur les albums Charles Mingus presents Charles Mingus, Mingus et Newport Rebels. Ici, toutes les séances sont regroupées, avec les pistes inédites et alternatives et le livret en retrace tout l’historique. « Original Faubus Fables », « Stormy Weather », « Reincarnation of a Lovebird », « Wrap Your Troubles in Dreams », voici quelques-uns des titres phares de ce coffret.

Trois autres géants de l’histoire du jazz font l’objet de rééditions ou d’inédits : Erroll Garner, Barney Wilen et Stan Getz.

Pour le premier, le pianiste Erroll Garner, les sorties s’inscrivent dans le Centenaire Erroll Garner, avec des sorties Octave Music & Mack Avenue : Symphony Hall Concert (LP, CD), 9 titres issus du concert historique de janvier 1959 en trio, accompagné de Eddie Calhoun (basse) et Kelly Martin (batterie) ; Liberation in Swing : The Octave Records Story & Complete Symphony Hall Concert (Coffret) propose l’intégralité du concert de 1959 ainsi que les enregistrements du label Octave, celui dirigé par le pianiste.

Pour le second, le saxophoniste Barney Wilen, il s’agit d’un nouveau volume de la série que lui consacrent Elemental Music et Patrick Wilen (cf. les précédentes rééditions). French Ballads est la réédition, à partir des 24-pistes d’origine, de cet album de 1987, enregistré dans la foulée du « retour » de Barney Wilen grâce au fameux album La Note Bleue. Ici, les 13 pistes d’origine sont augmentées de 4 inédits et d’un livret illustré. Les standards sont essentiellement tirés du répertoire de la chanson française (comme le titre le suggère) : Trenet, Legrand, Piaf, Salvador, Prévert… et le quartet est composé du batteur Sangoma Everett, du contrebassiste Riccardo del Fra et du fantastique pianiste Michel Graillier.
Une petite merveille de douceur et de nostalgie qui tombe à pic en ces temps de grisaille.

Enfin, le label TheLostRecordings qui cherche, trouve, nettoie et redonne vie à des enregistrements perdus ou oubliés, continue son travail d’orfèvre patient. De nombreux.ses artistes de jazz ont fait l’objet de ces attentions (et nous en avons rendu compte dans ces colonnes). En cette fin d’année, c’est le quartet du saxophoniste Stan Getz, en concert au Berlin Jazztage de 1966, qui fait l’objet d’un double CD/LP. Le quartet composé de Gary Burton au vibraphone, Chuck Israel à la basse et de Roy Haynes à la batterie est un sommet du genre. Quelque deux années après le succès international de l’album Getz/Gilberto, le groupe qui se produit à Berlin enchaîne une dizaine de standards américains et brésiliens devant un public conquis qui va devenir fou lorsque le saxophoniste invite sur scène la chanteuse Astrud Gilberto pour un mini récital à l’ancienne, comme pour prolonger la magie de cette fusion jazz-musique brésilienne.
L’enregistrement très soigné des équipes de Lost Recordings est accompagné d’un livret biographique et historique signé d’une des plus belles plumes de la profession, Stéphane Ollivier. Et c’est vraiment la classe.