Tous les dimanches, à Citizen Jazz, l’équipe de bénévoles se plie en quatre pour vous offrir un magazine et une UNE, qui correspond à la fois à une éthique et une esthétique.
Depuis 20 ans, nous avons eu le temps de montrer que nos musiques étaient des plus vivaces, « Une musique de l’audace qui préfère s’abâtardir plutôt que s’épurer » écrivons-nous dans les notes de pochette. A l’occasion de notre anniversaire, nous avons donc demandé à des musiciens que nous aimons de nous offrir des morceaux pour fêter notre double décennie avec nos lecteurs, et nous permettre de continuer à faire le job sans dépendre de quiconque. Les compilations ne sont pas toujours les disques préférés des amateurs de jazz, même si elles sont de très bons thermomètres. A ce titre le double vinyle XX, que Citizen Jazz propose pour ces vingt ans, affiche une raisonnable fièvre, celle de la passion. Un vrai menu de fête qui regarderait dans le rétro et dans une boule de cristal tout en même temps, de Bojan Zulfikarpašić et son magnifique « Peace » jusqu’au Lila Bazooka de Sophie Bernado et son « Todai-Ji » en passant par le « Underwater Traveller » de Susanna Santos Silva, comme pour mieux souligner notre paradigme européen. Et une vraie cohérence artistique.
On pourrait penser que c’est un peu vantard de parler ainsi de notre disque, que c’est une belle entreprise publicitaire. Qu’on ne s’y trompe pas, nous ne faisons finalement que ce que nous proposons chaque semaine : écouter et analyser avec passion et rigueur. Que ce soit le « Full Bloom » de Benoît Delbecq et Claudia Solal ou le très profond « Sœurs » qui réunit deux pianistes que nous aimons particulièrement par ici, Kaja Draksler & Eve Risser, et qui sondent au plus profond des sons la nature même des claviers, du bois au cordes, le présent disque ressemble à s’y méprendre à l’un de nos sommaires, dans toute sa diversité. Le « Petite Fleur » de Lionel Martin, qui s’éveille dans un jardin péri-urbain fait de basse-cour et de chats au bord d’une route paresseuse, peut aisément côtoyer « Les Flics de la Police » de In Love With, cadeau des frères Ceccaldi et de Sylvain Darrifourcq, dans un même élan de plaisir.
Pour nos quinze ans, nous avions lancé une revue papier avec des photos, des dessins et des textes ; tout ce que nous savons faire. Pour nos vingt ans, nous avons demandé à ceux que nous évoquons chaque semaine de parler de nous à leur tour. Le portrait qu’ils nous renvoient est, disons-le, plutôt flatteur et totalement inédit, puisqu’aucun des titres présentés ici n’est apparu auparavant sur disque. Vous pourrez en prime profiter des illustrations de nos meilleurs dessinateurs : Cécile Mirande-Broucas, Marie Lavis et Yann Bagot pour la pochette, Terreur Graphique pour ceux qui commanderont en surplus un tote-bag. Mais le disque se suffit à lui-même ; il s’agit qui plus est d’un vinyle [1], soit l’équivalent de la voiture de sport décapotable modèle 1956 pour le mélomane en plein crise d’identité. Pour ses vingt ans, Citizen Jazz vous offre l’attirail parfait pour la crise de la cinquantaine ; plus que jamais en avance sur son temps.