Les Jazz Migration #5 sont arrivés !

C’est avec le chiffre record de 93 formations candidates que s’était ouverte la délibération, preuve de la santé et de l’attraction qu’exercent nos musiques. Après une sélection de seize orchestres annoncés comme finalistes, avec de nombreux musiciens qui sont régulièrement évoqués en ces pages, voici la présentation des quatre heureux élus : au moins un musicien de chaque groupe a fait l’objet d’un article dans Citizen Jazz.

• Kepler

Maxime Sanchez (piano, claviers), Adrien Sanchez (ts), Julien Pontvianne (ts, cla)

Récemment ELU Citizen Jazz, le premier disque de Kepler a largement fait parler de lui, malgré son appétence pour le silence. Issu du collectif parisien Onze Heures Onze, on ne s’étonne pas de retrouver dans le trio le clarinettiste Julien Pontvianne, par ailleurs âme de l’AUM Grand Ensemble et du quartet WATT. Avec Adrien Sanchez (Flash Pig) au ténor et son frère Maxime Sanchez au piano, Pontvianne explore des terrains arides qu’il a toujours su rendre très fructueux : vibration, souffle, profondeur qu’il ne faut pas confondre avec une impression de lenteur et « perturbation douce de l’oreille et (…) nuances subtiles faites de dissonances fondues ou de décalages à peine esquissés » pour reprendre les mots de notre chroniqueur Nicolas Dourlhès.

• Nefertiti Quartet

Delphine Deau (p), Camille Maussion (ss,ts), Pedro Ivo Ferreira (b) et Pierre Demange (d)

Comment dit-on « on a gagné ! » en morse ? Nul doute que le batteur Pierre Demange et la pianiste Delphine Deau le savent et connaissent la meilleure manière de la transformer en une musique « moderne, tonale et énergique » pour reprendre les termes de Matthieu Jouan dans sa chronique du dernier album. Avec Pedro Ferreira à la basse et Camille Maussion aux saxophones, Nefertiti Quartet oscille entre une approche classique et sensible et un grand pouvoir d’invention et de nouveauté. Une musique très intérieure qui sait malaxer l’abstraction pour en faire une matière tangible, qui prend son temps pour lever, maturer et devenir incontournable.

• NoSax NoClar

Julien Stella (cl), Bastien Weeger (ts, cl)

Ils sont deux, et ils se moquent un peu du monde puisqu’on voit bien qu’ils ont des clarinettes et des saxophones. Réduction de moitié des Groovecatchers qui lorgnait davantage sur une musique énergique et puissante, voire rock ou hendrixienne, l’association des deux soufflants ne manque néanmoins pas d’une certaine vigueur. Inspirés par les échanges ancestraux du bassin méditerranéen, Julien Stella et Bastien Weeger jouent une musique que l’on pourrait qualifier de perpétuelle, rythmée par les cliquetis des tampons et les reprises de souffles. Parfois presque chambriste, la musique du duo distille par ailleurs une légèreté qui s’accommode et même s’empare des lieux dans lesquels elle s’épanche.

• You

Héloise Divilly (dms), Guillaume Magne (g), Isabel Sörling (voc)

Mené par la batteuse rouennaise Héloïse Divilly, You est un trio a priori étrange, voyageur et poétique. Pour ce groupe issu du collectif des Vibrants Défricheurs, c’est justement le terreau idéal pour faire pousser des fleurs sauvages. Avec la chanteuse suédoise Isabel Sörling et le guitariste Guillaume Magne, You mise sur le choc des cultures. Fille d’un poète irlandais installé à la Réunion, Divilly apporte toute sortes de couleurs et d’hybridations où le suédois croise le créole et où l’énergie rock peut soudain faire briller une féerie pleine de blues et de rythmes impairs. Le feu, la glace, le soleil et la neige, tous les contraires ensemble construisent une carte que seuls les rêveurs savent lire et transmettre aux autres voyageurs. Une perle rare et aventureuse venue des Isles chimériques.