Chronique

Louise van den Heuvel

Sonic Hug

Louise van den Heuvel (voc, b), Hendrik Lasure (cla), Daniel Comerford (ts, cl, fl, bcl), Daniel Jonkers (d).

Label / Distribution : W.E.R.F. Records

La scène de Bruxelles s’avérant toujours aussi riche et joyeuse, on avait déjà eu vent des talents de bassiste de la jeune batave Louise van den Heuvel, installée depuis longtemps dans la capitale européenne. D’abord parce qu’elle montrait un goût rythmique très sûr dans les Rhythm Hunters de Stéphane Galland, mais aussi dans certains projets de Pierre-Antoine Savoyat. Sonic Hug, le premier album d’un quartet qui lui a donné son titre, nous apprend aussi qu’elle sait chanter : « Hold Me », le premier titre de l’album, nous présente une voix soyeuse, tournée vers la pop mais infusée d’une profondeur étrange, bien soulignée par une belle écriture ; on songe parfois à Yaël Naïm, période ONJ Yvinec, dans l’atmosphère recherchée. Une couleur, une ambiance qui perdure dans un album volontairement charnel mais qui refuserait autant l’ostentation que la démonstration. Ses compagnons, qui habillent le propos de digressions volontiers complexes, y veillent.

Ainsi, le travail remarquable d’Hendrik Lasure aux différents claviers y pourvoit, tout comme Daniel Jonkers à la batterie, souvent très coloriste. « Kusjeswekker », ballade sans parole où Lasure lance une rythmique à l’orgue avant de jouer d’un piano très impressionniste en témoigne : ce qui compte ici c’est la douceur et l’amalgame des timbres. L’embrassade sonore, où le multianchiste Daniel Comerford a un rôle central, notamment à la clarinette basse, n’est pas qu’une formule. Il y a une vraie tendresse et des teintes pastel dans un album très rond. Qui parvient en surplus de ne pas tomber dans un écueil policé, la tournerie d’un morceau comme « Pingi » y veille ; ce n’est pas parce que Louise van den Heufel joue sur les émotions qu’elle tombe dans le mièvre.

Si l’on retrouve la voix de la bassiste dans « Blauwe Velden », très belle conclusion tannique en diable, c’est d’abord son écriture et son jeu de basse sans démonstration que l’on apprécie dans ce disque sorti chez WERF. En bonne mélodiste, Louise van den Heufel propose un disque équilibré et très mature qui laisse volontiers rêveur. C’est même sans doute son but secret.

par Franpi Barriaux // Publié le 2 février 2025
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