Stéphane Galland
& The Rhythm Hunters
Stéphane Galland (dm), Shoko Igarashi (ts), Sylvain Debaisieux (as), Pierre-Antoine Savoyat (tp), Wajdi Riahi (p), Louise van den Heuvel (b)
Label / Distribution : Challenge Records
Douze ans après un remarqué Lobi qui réunissait la crème européenne de la rythmique complexe, le batteur d’Aka Moon Stéphane Galland revient avec un projet solo qui célèbre une tout autre entité, celle de la jeune scène bruxelloise, un sextet mué en chasseur de rythmes qui se range sous le panache de Galland. Nous avions évoqué lors d’un récent portrait le trompettiste Pierre-Antoine Savoyat ; on le retrouve ici dans l’éclatant « Morpheus » qui ouvre l’album, leste comme un héros de film d’action. Le pianiste Wajdi Riahi, lui aussi repéré récemment, n’est pas loin et se pose comme une brique importante dans l’orchestre. C’est la trompette qui éclaire le début d’un morceau qui célèbre la patte Galland : polyrythmie assumée et complexe, ruptures soudaines et surtout un sens incroyable de la narration.
Avec cette musique très proche de l’expérience Aka Moon, la basse électrique se devait d’être irréprochable ; on ne peut que se réjouir d’y trouver Louise van den Heuvel, elle aussi proche de Savoyat, qui tient son rôle avec fougue. Dans « The Lindy Effect », le morceau clairement le plus akamoonien de l’album, elle soutient le batteur qui offre une multitude de rythmes, comme d’autres offrent des fleurs. Avec le piano de Riahi, brillant et coloré, c’est un trio de base très intéressant et - on l’espère - appelé à perdurer qui permet d’affronter tous les remous avec une vivacité rare. Dans « Trance Culture », c’est même le piano qui lance une tournerie simple que l’orchestre va développer avec gourmandise dans une démarche qui représente le plus pur style de Stéphane Galland, toujours inspiré par l’Afrique, l’Asie et les Balkans.
Ce travail très précis de la rythmique et de la précision du piano permet aux trois soufflants de s’offrir beaucoup de liberté ; d’abord dans un rôle assez proche de celui de Fabrizio Cassol dans « Morpheus », où la jeune Shoko Igarashi fait merveille au ténor aux côtés d’un Savoyat très liant. Ailleurs, c’est Sylvain Debaisieux, déjà à l’aise dans le Workshop de Stéphane Payen ou dans le Synestet d’Hélène Duret qui fait parler sa souplesse à l’alto. The Rythm Hunters a tout d’une Task Force dédiée au rythme, avec un goût certain pour la transmission.