Maria Faust

Maria Faust est une musicienne éclectique qui n’aime pas la routine. Après Monument, un album en solitaire salué dans nos colonnes et Mass Of Mary, magnifique projet mêlant musique médiévale, jazz et musique contemporaine, enregistré avec l’Estonian Chamber Choir Collegium Musicale, revoici la saxophoniste estonienne en trio avec son groupe Jazz Catastrophe [1], incluant Lars Bech Pilgaard à la guitare et Anders Vestergaard à la batterie. Le disque s’intitule Moth, il est sorti en mai dernier sur le label Bush Flash Records.

On y retrouve Maria Faust en pleine forme. Très démonstrative, elle souffle le chaud et le froid avec une belle énergie qui irradie ses partenaires, construisant une masse compacte et tendue de laquelle émergent d’acrobatiques fulgurances. Plusieurs compositions (le palpitant « Moth To the Flame », l’émouvant « Potentially Fatal Lure ») sont basées sur de longs crescendos où le saxophone de Faust monte progressivement dans les aigus, soutenu par les effets de manche inventifs de Pilgaard et la batterie tapageuse de Vestergaard.

D’autres morceaux plus introspectifs proposent des respirations bienvenues, tantôt languides (« Mhm », « Nocturnal Creature »), tantôt plus bruitistes (« Attracted To The Moon ») où l’auditeur peut reprendre son souffle. Quelques autres transpirent une puissante énergie punk, où la saxophoniste laisse le lead à ses deux compères qui ne se privent pas d’étaler toute leur sauvagerie comme sur « Hells Bells » ou dans l’ébouriffant « Star-Crossed Lovers » (on pense parfois à l’album Farm Fresh que la saxophoniste a enregistré en 2019 en trio avec Tim Dahl et Weasel Walter).

Sur le très beau « Undine’s Purse », l’album se clôt dans un fiévreux crescendo, comme en écho au morceau initial, qui met en lumière la singularité de l’univers de Faust, quelque chose d’en même temps très âpre et très lyrique qui touche au cœur.