Chronique

Maria Faust / Tim Dahl / Weasel Walter

Farm Fresh

Maria Faust (as), Tim Dahl (elb), Weasel Walter (dm)

Label / Distribution : Gotta Let it Out

Farm Fresh est le dernier album en date de Maria Faust. La photo (signée Fryd Frydendahl) qui orne la pochette interpelle. On y voit la saxophoniste assise sur le plan de travail d’une cuisine. Elle est vêtue d’une combinaison vert kaki, pieds nus, cheveux lâchés. Derrière elle, un robot ménager. Au mur, sur une étagère trônent épices, sauces et autres condiments. Elle tient un poisson dans sa main qu’elle couve du regard. Elle semble ailleurs, comme absente. A quoi pense-t-elle ? A son poisson ? A la mort ? Au sens de la vie, celle d’un poisson n’étant pas si différente de la nôtre ? Ou plus prosaïquement à la façon dont elle va accommoder la bête ? Nul ne le sait.

Ce que l’on sait en revanche en écoutant Farm Fresh, c’est que la musique qu’il renferme est aux petits oignons. Un critique gastronomique parlerait pour la décrire, de musique simple et roborative, fraîche, saine, pas biologique mais presque. Quelque chose de fait maison ; peut-être même ferait-il référence à nos grand-mères, garantes d’une cuisine des saisons, savoureuse et sans chichis.

Et c’est vrai que dans Farm Fresh, Maria Faust nous donne à entendre une musique franche et directe, facette moins connue de son travail. Elle qui est habituée aux plus grandes formations et à une musique plus sophistiquée, nous donne ici à entendre quelque chose de sauvage, de plus spontané peut-être. Elle est accompagnée d’une puissante rythmique américaine : Tim Dahl et Weasel Walter sont des musiciens branchés sur l’électricité ; il suffit d’appuyer sur l’interrupteur pour qu’ils libèrent derechef une énergie et une ardeur propres aux canons d’un rock pur et dur. Portée par la basse vrombissante de l’un et la batterie hyperactive de l’autre, elle explore des formats courts et intenses dans lesquels elle s’échine dans les aigus. Faust y ferraille avec urgence, utilisant un vocabulaire free duquel émergent des affleurements mélodiques. On découvre alors une autre facette de son talent kaléidoscopique.