Mike Surguy/Nicolas Talbot/Ralf Altrieth

Le Petit label ne fait pas de bruit mais son travail artisanal au service de la musique nous offre régulièrement des pépites qui méritent toute notre attention. Le trio Das Kaff en fait partie ; conventionnel dans sa constitution, il ne manque pas d’idées - outre un très beau travail sur les timbres -, et les compositions, signées Ralf Altrieth et Mike Surguy, valent autant le détour que ses reprises bien senties.

Das Kaff, c’est trois nationalités, trois personnalités, trois instruments pour une même idée de la musique, à la fois inscrite dans l’Histoire et écrivant sa propre histoire. Trois hommes qui s’approprient la longue relation que la formation saxophone-contrebasse-batterie entretient avec le jazz pour en donner leur propre vision - détachée de tout étalage technique ou de plans rebattus -, et qui prennent le temps de se construire une identité, qui jouent avec les frontières, remettent en mouvement les concepts de tradition et de modernité et sondent les entrailles de cette musique centenaire. Les démarcations s’estompent et l’on entend alors émerger un trio solidaire, qui transcende les lieux et les époques.

Das Kaff s’appuie sur la puissance et la plasticité du saxophone de Ralph Altrieth, sa sonorité large, suave et multiple au service d’un sens mélodique rare. A ses côtés, la contrebasse dansante et légèrement allumée de Nicolas Talbot, qui occupe un rôle central dans le trio. La batterie à l’activité incessante, toute en relances et esquisses, joueuse et inventive à souhait complète magnifiquement le travail. Parmi les neuf morceaux de premier album, retenons surtout la reprise du « Don’t Explain » d’Arthur Herzog : une version poignante, transformée en une sorte de concerto pour batterie qui évolue en ballade avec une belle science de l’économie.

Le deuxième album de ce trio plus que prometteur s’annonce pour les mois à venir. A suivre sur scène ou sur le site du Petit Label.