Modern Art Orchestra & Kodály Choir
The Peacock - Tribute to Zoltán Kodály
Label / Distribution : BMC Records
Après plusieurs années à rendre hommage à Bartók et à d’autres compositeurs hongrois en son sein comme Kristóf Bacsó, ou de travailler avec Dave Liebman, il semblait tout naturel que le Modern Art Orchestra (MAO) du bugliste Kornél Fekete-Kovács rende hommage à Zoltán Kodály, sans doute le plus important des musiciens hongrois du XXe siècle, auteur du fameux Psalmus Hungaricus et de nombreuses collectes de chants traditionnels, qui l’ont conduit à écrire énormément de musique pour choeurs. C’est d’ailleurs avec le Kodály Choir, institution de Debrecen, que l’orchestre de dix-neuf pupitres et deux chanteurs (on y retrouve la voix capiteuse de Kriszta Pocsai qui habite « The Scamp », composition de Bacsó) se mesure aux partitions de Kodály. Mais pas seulement : alors que les 15 Hungarian Peasant Songs étaient toutes composées par Bartók, le MAO s’offre un Hommage à Kodály où les compositions de l’orchestre s’intercalent avec des œuvres du maître écrites pour des chanteurs, à l’image du si profond « Csalfa sugár » (faux printemps), inspiré par un poème de János Arany [1] qui succède à l’intense « False Call » de Fekete-Kovács où s’illustre le ténor coltranien de János Áved.
Ainsi, « The Peacock » qui donne le titre de l’album n’est pas la variation sur une chanson folklorique hongroise telle qu’on peut l’entendre dans l’œuvre de Kodály, mais une composition de Bacsó qui joue magnifiquement avec le chœur, sous la férule discrète du batteur László Csízi. Ce disque permet de mesurer l’importance de Kodály dans l’approche orchestrale des musiciens de jazz hongrois. Tous ont appris la musique avec la méthode Kodály dans les conservatoires, le tribut est donc naturel : on se souvient de l’hommage réalisé par Mihály Borbély il y a quinze ans ; celui ci est plus transgressif, le spoken word de « Children’s Songs » en témoigne, mais il brûle à chaque instant d’ouvrir grand les oreilles et les esprits.
Avec sa facture volontairement classique qui ne s’interdit rien, le MAO signe ici un bien bel hommage en double CD, avec des moments gracieux, à l’image de « Determination » où l’orchestre joue avec le choeur sur une rythmique orageuse (Jószef Barcza Horváth à la contrebasse) où s’illustre particulièrement le trombone d’Atilla Korb. Le label n’a jamais fini de de nous surprendre dans sa visite du patrimoine magyar.