

On connaissait l’Omniae Ensemble, l’orchestre de sept musiciens imaginé à ses débuts par le batteur Pedro Melo Alves. C’est aujourd’hui avec sa version XXL [1] que le Portugais sort ces jours-ci le très beau Lumina sur le label Clean Feed.
L’ajout du mot Large à l’intitulé initial n’est ici pas galvaudé : tout concourt à une certaine immensité, une certaine démesure même. Le nombre de musiciens d’abord, soit 24 musiciens : une section de cuivres, une de bois, des percussions, des cordes, une section vocale, le tout dirigé par Pedro Carneiro [2]. La musique ensuite, à la fois épique et esthétique, minimale et grandiloquente, dont le souffle nous tient en haleine tout au long des trois mouvements de cette suite riche et foisonnante. Les arrangements enfin (la musique de 2016 a été adaptée et arrangée par Melo Alves pour le format grand orchestre) qui confèrent à l’ensemble une grande dramaturgie, qu’on dirait héritée des tragédies antiques.
Avec Lumina, Pedro Melo Alves continue de nous surprendre. L’album semble constituer l’acmé de sa pensée musicale, arrivée, aujourd’hui sans doute, à maturité. Folie contenue, savant mélange des genres, grande liberté formelle ainsi qu’un goût très sûr pour le beau sont certaines des caractéristiques d’une musique avant-gardiste à la croisée des chemins contemporains, improvisés et expérimentaux.