Philipp Golub & Lesley Mok
Dream Brigade
Philipp Golub (p), Lesley Mok (d)
Label / Distribution : Infrequent Seams
Si Lesley Mok, percussionniste remarquable qui participe notamment aux orchestres de Myra Melford, Camila Nebbia ou Anna Webber a souvent été chroniqué en ces pages, le pianiste new-yorkais Phillip Golub est un nouveau venu. Ce jeune musicien a une approche très douce de son instrument, souvent minimaliste même lorsque les attaques révèlent une certaine urgence, dans « Kindling » notamment. On avait pu découvrir Golub aux côtés de la chanteuse Laila Smith dans Tropos, qui avait sorti durant les confinements Axioms/75ab, un album inspiré par Anthony Braxton ; c’est dans cette esthétique marquée par la musique contemporaine que le duo évolue, à l’image de « Reverse Palindrome » où la main gauche de Golub appuie une course effrénée de la main droite, répétitive et insistante. Au loin, Mok ponctue, souligne et ombre un trait précis et profond, qui va perdurer tout au long de cette Dream Brigade.
Car le ton est donné pour ce duo : beaucoup de choses vont avoir trait à un certain onirisme, à une approche très douce, incarnée principalement par le jeu très coloriste de Lesley Mok. Sur « Invisible Ink », sans doute le morceau le plus sensible de l’album, la batterie est jouée tout en effleurement, les cymbales frissonnent d’une caresse pointilliste pendant que le piano place des accords épars aux confins du silence. C’est un ouvrage aux mailles souples, un portrait dessiné à l’encre sympathique, presque évanescent par instants, mais il y a quelque chose de la fascination pour cette rêverie suspendue au temps, que l’on retrouve aussi dans « Low Passage », une suite en deux parties où la main droite de Philipp Golub pérégrine au gré du vent, dans le chant léger des cymbales de Mok.
Le jeu plein de poésie de Golub est une découverte, il donne à cet album une lumière tamisée et très expressive dont Lesley Mok se saisit avec un sens de la retenue très évocateur, presque caressant par instants, à l’instar de « Darn That Dream ». Dans cet univers aux séquences assez courtes, ce morceau prend davantage le temps d’apprivoiser un silence que la batterie laisse tout entier au piano, avant de tracer un chemin sinueux et éphémère, comme des pas dans la neige.

