Chronique

Rémi Panossian Trio

Sun Monkey Voltage

Rémi Panossian (p, Fender Rhodes), Maxime Delporte (elb), Frédéric Petitprez (dms, kb).

Rémi Panossian avait annoncé la couleur dans un entretien accordé à Citizen Jazz voici près de trois ans : il y aurait bientôt de l’électricité dans l’air de la musique de son trio RP3. Et c’est bien ce qui se produit à l’occasion de la parution du septième album de cette formation qu’on suit depuis une bonne douzaine d’années maintenant, avec un plaisir toujours aussi vif. Maxime Delporte a pour un temps troqué sa contrebasse contre une basse électrique. N’y voyons là aucune tentative de contrecarrer les pitoyables extorsions de quelques contrôleurs aigris de la SNCF, comprenons plutôt ce changement comme le choix d’offrir au groupe des couleurs supplémentaires. Le pianiste – dont l’anagramme du nom est « sans piano », tout de même… – pose de temps à autre ses doigts sur le clavier d’un Fender Rhodes. Frédéric Petitprez quant à lui ajoute de son côté quelques ingrédients vitaminés à la recette de sa batterie (E-bow et autres claviers).

Mais ce qui compte avant tout, c’est que le courant passe toujours aussi bien avec une musique dont l’alimentation première est une énergie à forte teneur humaniste et un sens aigu de la mélodie qui frappe juste. Et c’est bien ce qui se passe avec Sun Monkey Voltage. RP3, ce sont des tubes en puissance (« Wisteria Forever »), des élans très rock (« Paino ») ou funk (« Monkey Children »), des incitations à prendre le temps de contempler (« Purple Soul ») ou à s’envoler (« L’Horizon des évènements »). C’est une alchimie particulière, celle d’un jazz qui se veut populaire et qui, de fait, parle à un public large et multigénérationnel. Parfois, on n’a pas envie d’en demander plus. À ce jeu, Rémi Panossian et ses petits camarades sont passés maîtres, leur appétit devient vite le nôtre et on en redemande. Tout en guettant les jeux de mots bilingues, à l’instar du titre d’une composition telle que « Elbow Sun ». On ne se refait pas…