Scandinavian Art Ensemble with Tomasz Stańko

Scandinavie et Pologne.
Deux traditions différentes du jazz, deux histoires différentes surtout, mais ayant en commun de baigner dans la même mélancolie baltique. Celle-ci colore de teintes similaires des musiques à la fois proches et lointaines, sachant parfois se trouver ou s’accorder. Le trompettiste Tomasz Dąbrowski [1] en est un exemple récent et feu son collègue d’instrument le monument du jazz polonais Tomasz Stańko en fut une sorte de pionnier.

Pas loin de dix ans après la séance (enregistrée en 2016) et sept ans après le décès de Stańko, sort enfin le premier volume de The Copenhagen Session, magistrale illustration sonore de cette rencontre.

Dès les premières mesures de « Before The Rain » s’impose l’évidence d’une écriture et d’une interprétation de première catégorie.
Un art précis de l’essentiel ; quel que soit le registre que le disque, dans sa grande variété, offre, jamais ne se perdent ou ne se diluent la cohérence ni l’humeur générale.
Une humeur tenant de la majesté légère de volumineux nuages se déplaçant au dessus d’une mer sombre. Sous l’épaisse solennité de ces falaises horizontales, grondent des promesses d’orage faites d’un jeu entre tensions et libérations.
De palpitantes cavalcades succèdent à d’imposantes couches sonores de l’octet instrumental. De lents mouvements à la beauté sévère laissent la place à de brusques stries musicales, équivalent sonore du jet de pinceau de Jackson Pollock.
Dans le dialogue murmuré entre une contrebasse et un xylophone, comme dans de plus imposantes constructions arrangées avec une précision d’équilibriste, dans tous les recoins passionnants de ce disque s’impose le charme songeur de ces sonorités bleu ardoise.