Chronique

Scott Hamilton Quartet

Danish Ballads… & More

Scott Hamilton (ts), Jan Lundgren (p), Hans Backenroth (b), Kristian Leth (dm)

Label / Distribution : Stunt Records

Le temps ne semble pas avoir de prise sur Scott Hamilton. Le sax ténor, emblématique d’un jazz « trad », trimballe son biniou sur les scènes de la planète depuis une éternité - il est désormais établi en Italie mais lorgne souvent du côté de la Scandinavie. Après une incursion discographique en Suède, c’est au Danemark qu’il s’en est allé promener. Tout se passe comme s’il avait trouvé une machine à remonter le temps qui nous ramènerait à l’ère pré-bop. Son modèle ? Zoot Sims et, par là même, Lester Young. Cette délicieuse envie de jouer à saute-mouton avec les barres de mesure, de séduire par un son feutré qui garderait quelque souffle méphitique, sans se faire « honker » pour autant. Autant de douceurs de swing sur des harmonies standard, entre blues et anatoles. D’irrésistibles désirs de claquer des doigts sur les deuxième et quatrième temps peuvent saisir l’auditeur.trice.

Cet éternel jeune homme se fait plus que langoureux sur les ballades, où son saxophone amoureux déploie des bouquets de charme. L’album aligne des thèmes du répertoire scandinave traditionnel et des compositions de musiciens danois, dont évidemment Niels-Henning Ørsted Pedersen (alias NHOP pour les intimes : le Maître contrebassiste issu de ces contrées, ici gratifié d’un morceau latin de sa conception). Signalons la présence de deux compositions signées Oscar Pettiford : « Montmartre Blues », dédié au légendaire club de Copenhague dont la pandémie covidesque a failli avoir la peau, ainsi que « Svinninge Blues », que le fondateur de la contrebasse bop avait écrit avec le pianiste Erik Moseholm en hommage à un autre club du pays, peu avant sa mort dans cette contrée, à l’âge de 38 ans. Patron expérimenté, Hamilton se plaît à laisser ses compères d’album s’exprimer avec dignité, élégance et humour (élégant pianiste, redoutable contrebassiste d’une justesse confondante à l’archet, batteur subtil), tout en restant maître des débats, notamment dans les questions/réponses.

C’est de la musique à danser, évidemment, jusque sur les codas qui fleurent bon le big band : aux débuts de sa carrière, Hamilton était dans le pupitre des ténors dans la dernière mouture de l’orchestre de Benny Goodman, et l’on comprend qu’avec lui les pieds doivent user les dance-floors jusqu’à la dernière note. Gageons que bien des pistes de danse se languissent des propositions intemporelles de ce sax d’excellence.