Chronique

Theorem of Joy

Feux

Thomas Julienne (b), Robin Antunes (vln), Antony Winzenrieth (g), Raphaëlle Brochet (voc), Tom Peyron (d) + Robinson Khoury (tb), Sary Khalife (cello)

Label / Distribution : Déluge/Socadisc

Quand les climats changent, il faut des habits neufs. Nous étions restés, avec le contrebassiste du collectif Déluge Thomas Julienne, dans les frimas de l’hiver avec son orchestre Theorem of Joy. Un printemps est passé et voici que l’été brûle de tous ses feux : c’est donc assez largement que Theorem of Joy se retrouve remanié. Si le batteur Tom Peyron reste, avec un rôle plus central, la voix change et la couleur avec elle, puisqu’Ellinoa laisse la place à Raphaëlle Brochet dans un style qui évoque celui de Charlène Martin dans le second ONJ de Claude Barthélémy ; une question de timbre mais aussi d’environnement, puisque le violon désormais joué par Robin Antunes se teinte d’un jazz ouvert sur la Méditerranée. Le guitariste Anthony Winzenrieth apporte quant à lui une trame rock qui a grandi avec Shakti et la sono mondiale ; « Heart Wide Open », mais surtout « Ideal Robots » et la rigueur rythmique de Raphaëlle Brochet.

Ce changement de paradigme est sensible dès « New Spring », où le violon lance une belle discussion avec Thomas Julienne, arbitrée par un Tom Peyron impeccable dans sa conduite d’un groove très carré. Sur ce morceau inaugural, le quintet invite deux musiciens pour galvaniser l’ensemble : si le tromboniste Robinson Khoury est ici assez volubile, le violoncelle de Sary Khalifé est un artisan du liant puissant de ce morceau, ses influences libanaises très saillantes dans cette musique, accompagné par le violoniste dont on connaît l’attachement pour cette région. Une piste pour l’agrandissement de l’orchestre ? On en a très envie !

Globalement, c’est Robin Antunes qui apporte la nouveauté et cette couleur qui dépasse les frontières : on l’entend dans le très orchestral « Au Monde » qui nous rappelle quel mélodiste est Julienne, mais c’est « El Haik Dance Floor » qui marque le renouveau d’un Theorem of Joy tourné vers l’allégresse et l’insouciance ; vers les nuits caniculaires également, qui brilleraient de mille feux. Et si la base rythmique est ici très en avant, les cordes de Winzenrieth et Antunes mènent une danse rugueuse et joyeuse pour mieux assumer le théorème.

par Franpi Barriaux // Publié le 12 octobre 2025
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