Chronique

117 Elements

Flash Memory

Tony Paeleman (Rhodes, kb), Julien Herné (elb), Christophe Panzani (sax), Arnaud Renaville (dms).

Label / Distribution : Bloomdido/Musicast

Publié à l’automne 2014 sur le label Bloomdido / Musicast, Flash Memory est le premier album d’un quartet électrique né en 2010 à l’initiative du pianiste Tony Paeleman et du bassiste Julien Herné, deux musiciens hyperactifs qui se produisent ensemble depuis de longues années et qu’on peut voir évoluer notamment aux côtés de Vincent Peirani et son groupe Living Being. Paeleman s’est par ailleurs fait remarquer il y a peu avec un album solo très réussi dont les qualités ont été soulignées ici-même, Slow Motion. Et pour mieux assouvir leur soif de groove fortement dosé en énergie rock et pimenté d’effets électroniques, tous deux se sont adjoint les services de Christophe Panzani, saxophoniste impliqué dans des projets variés – on peut rappeler qu’il est membre du big band de Carla Bley depuis 2002 – et dont les collaborations avec Federico Casagrande au sein de The Drops sont chaque fois source d’enchantement. Dernier quart d’une formation qui affiche une belle santé, le batteur belge Arnaud Renaville, qui s’illustre depuis une douzaine d’années au sein d’Electro Deluxe, peut ainsi célébrer une passion indéfectible pour le funk et la soul music.

Flash Memory va droit au but : mélodies accrocheuses (9 des 11 compositions sont signées Herné ou Paeleman, et il faut ajouter deux improvisations collectives), et autant de thèmes portés par un souffle puissant, qui ne peuvent renier leur appartenance à une mouvance de l’ébullition et du dépassement des frontières stylistiques (voir par exemple les Américains de Kneebody et le saxophoniste Ben Wendel). La pulsion de la basse et ses manières de battement de cœur, les élans mélodiques et rythmiques du Fender Rhodes tout en variations de couleurs, le phrasé à la fois direct et sensible, nimbé de lumière, du saxophone, même (surtout ?) quand ce dernier est modifié par des effets électroniques qui lui collent à merveille aux anches, la frappe sèche de la batterie en droite ligne d’un combo de rock : ce sont autant d’atouts dans un jeu musical qui ne rechigne pas à s’exposer sous forme ludique (« Mario » ou « Youki »).

Des atouts qui pourraient attirer la sympathie de publics sensibles à sa dance music raffinée. Celle-ci évite, pour mieux les déjouer, les pièges de la vulgarité dans laquelle il est si facile de tomber. En 50 min, Flash Memory se livre au plaisir simple de chansons sans paroles qui expriment non sans virtuosité une alliance réussie de joie de vivre et d’énergie communicative. Avec parfois de réelles ambitions dans l’élaboration de climats plus complexes, comme en clair-obscur, aux accents jazz rock de belle facture et, répétons-le, d’une redoutable efficacité (« Golden Days »).

Ce disque ne constitue certainement pas un tournant historique dans la musique du XXIe siècle, ce qu’il ne prétend d’ailleurs pas être, mais il ne triche jamais avec ses émotions et son besoin de les communiquer sans détour. Plaisir, donc, et surtout, plaisir partagé.