Daniel Studer

Pour ceux qui se souviennent avec un poil de nostalgie du label HatHut et de ses productions sans faille, il y avait plusieurs collections. Hatology, à tranche orange, concernait le jazz quand les pochettes blanches à liseré rouge de HatArt s’occupaient plus sûrement de la musique contemporaine… Les ponts étaient forcément multiples et les frontières ténues. Daniel Studer et ses vieux compagnons Alfred Zimmerlin et Harald Kimmig ont forcément hanté les deux entités qui se retrouvent désormais déclinées par le label Ezz-Thetics, semble-t-il appelé à prendre la suite. D’ailleurs, avec Frantz Loriot à l’alto et Philip Zoubek avec son piano admirablement préparé, Studer renoue avec son projet Extended, paru chez HatHut en 2019.

Extended II For Strings & Piano prolonge d’ailleurs son premier volet en renouant avec sa musique de l’instinct qui compte chacun de ses gestes : l’alto de Loriot, à la centralité calculée, progresse à l’archet parmi les coups de boutoir joués en pizzicati par le violoncelle d’Alfred Zimmerlin et le violon de Kimmig ; « Part II », longue pièce centrale, est une dentelle ouvragée et éphémère où chaque corde, y compris celles du piano, réagit au tréfonds de ses atomes, trouvant une forme d’articulation du vivant. C’est le chaos qui décidera de la fin du morceau avec un piano rageur, cortex central d’un quintet vivant au royaume des sons. On notera que le disque propose deux lectures de cet Extended II : l’une en mix stéréo pour les enceintes exigeantes, l’autre à déguster en binaural, au casque, pour se trouver au cœur de cette musique qui regarde sans barguigner du côté de la musique contemporaine, si l’on trouve encore utile d’étiqueter ces confins pleins de poésie.