Chronique

Dave Chisholm

Miles Davis et la quête du son

Label / Distribution : Glénat

La vie du trompettiste Miles Davis n’en finit pas de faire couler l’encre et la couleur. C’est probablement le musicien qui totalise le plus de références bibliographiques le concernant, et cet ouvrage graphique vient s’ajouter à la liste.
Ce n’est pas la première bande dessinée ni le premier roman graphique à traiter le sujet, mais cette fresque graphique signée Dave Chisholm (également auteur de Chasin’ the Bird - Charlie Parker in California) est une biographie qui court de 1933 à 1991. L’événement central est l’infarctus que le musicien a eu en 1982 et qui, paralysant sa main droite, le pousse vers le dessin et la peinture. Prétexte et mise en abîme pour le dessinateur et coloriste Chisholm qui s’amuse donc à dessiner et colorer Miles tentant de dessiner et peindre…

En suivant une narration chronologique, de ses débuts avec Charlie Parker jusqu’à son dernier grand concert à Paris en 1991 (dont le souvenir impérissable hante encore les couloirs du magazine…), l’auteur adapte le traitement graphique aux époques. Cadrées et avec des fonds assortis, les périodes se succèdent, tantôt bleues, rouges, vertes, etc…
Puis lorsqu’arrivent les années 70 et 80, le dessin devient plus psychédélique, les couleurs explosent, les cases disparaissent et les plans en contre-plongée ou les pleines pages acryliques se succèdent.
Rien n’est épargné, ni les meilleurs moments - les plus belles rencontres, les plus fantastiques créations - ni les pires aspects de sa vie - drogue, maladie, comportement toxique… Personnalité complexe, dure et à fleur de peau, le trompettiste est l’exemple typique du génie musical doublé d’un sale type. La force du dessin permet aux personnages d’exprimer leurs émotions et d’illustrer ces situations compliquées. Le dessin permet également de se retrouver en studio, sur scène, en tournée, dans l’appartement de Miles et d’assister à des moments cultes de sa vie musicale, des rencontres incroyables qui sont données à voir, là.

Le dessin est précis, réaliste et l’on voit vieillir le trompettiste tout au long de l’ouvrage ; on retrouve des visages familiers qui ont accompagné chacune de ses périodes fécondes.
Seul petit bémol, les incises et commentaires sur les images, souvent en couleur sur un fond moins contrasté, ce qui rend la lecture difficile. Les dialogues, eux, sont lisibles, écrits en noir dans des phylactères blancs.

Miles Davis et la quête du son est dans le fond très « davisien », plein de contrastes, de styles différents et sans filtre.