Glod, Ramond, Kugel

Meilleur représentant du grand duché du Luxembourg, on n’avait pas vu le saxophoniste Roby Glod sur disque depuis longtemps, a fortiori en leader. La dernière fois, c’était en quartet, avec Op Der Schmelz où l’on retrouvait déjà le batteur allemand Klaus Kugel, par ailleurs tenancier du label Nemu Records, toujours prompt à accueillir ses projets ou ceux auxquels il participe. C’est évidemment le cas de No Toxic, nouvelle formation en trio où Glod accueille une paire rythmique qui a fait ses preuves, notamment avec Ken Vandermark. On se souvient du travail remarquable de Kugel et du contrebassiste Christian Ramond sur l’estimable Transatlantic Five.

Ici, sur les compositions de Glod, Kugel et Ramond font merveille, notamment sur l’urgent « Hot Rot Hi Beck » où les pizzicati rapide du contrebassiste sont un remarquable contrepoint à la grande musicalité du batteur. Sur ce morceau qui dépasse à peine les cinq minutes mais est l’un des morceau les plus long du disque, le solo de Christian Ramond laisse place à l’alto volubile de Roby Glod. Le jeu est haletant, droit devant, et ne semble jamais se satisfaire d’un discours collectif apaisé : même si le grand régulateur est la batterie de Kugel, tel qu’on le constate sur le court « Bottlefish » qui lui fait suite, le jeu pressant et nerveux de Ramond maintient une tension réelle, duquel Roby Glod s’extrait parfois, pour mieux observer la tension mise en place par ses compagnon.

Klaus Kugel n’est d’ailleurs pas en reste ; lorsqu’il se décide à prendre le dessus, c’est un déluge qui s’abat, mais sans jamais tiré la couverture à lui. Sur « Subconscious Triptychon », s’il mène la danse et fait gonfler la colère, c’est d’abord parce que Christian Ramond passé à l’archet construit un tapis solide. C’est d’ailleurs Roby Glod qui en profite le plus, jouant avec une grande vélocité sans ne jamais se faire rattraper, feu follet inextinguible. No Toxic est un engrenage intransigeant qui ne broierait personne. Voici un disque de haute voltige.