Jacob Anderskov
I Sang
Jacob Anderskov (p), Kasper Tranberg (tr), Jakob Høyer (d), Soffie Viemose (voc), Jakob Munck (voc, tu, tb).
Label / Distribution : April Records
Habité par des mouvements inertiels qui subliment la lenteur, I Sang unit les paysages scandinaves aux improvisations du groupe de Jacob Anderskov, pianiste très prolifique depuis une vingtaine d’années. Il franchit aisément les frontières entre le jazz et la musique contemporain ; de nombreuses commandes passées par la radio danoise, les festivals et des ensembles musicaux ont fait de lui une référence au Danemark. Son éclectisme lui a donné l’occasion de se produire avec de nombreux artistes dont Mary Halvorson, Daniel Humair, Lew Soloff, Cuong Vu, Paul Lovens.
L’espace homogène dans lequel cette formation s’exprime donne l’occasion d’entendre le trompettiste Kasper Tranberg au mieux de sa forme. L’ambiance a certaines similitudes avec le son des productions ECM, mais l’apparition des chœurs rehausse l’aspect contemplatif. « Danmark, nu blunder den lyse nat » et « Se nu stiger solen », agrémenté d’une chorale communale, célèbrent les recueils des chansons de lycée issues de la tradition sacrée danoise. Ces chants d’espoir, dénommés højskolesangbogen, se renouvellent régulièrement ; leur origine remonte à 1894 et à chaque nouvelle édition, de nouveaux hymnes populaires sont ajoutés et d’autres abandonnés, comme en 2022, date de la dernière publication.
La chanteuse Soffie Viemose évite toute fioriture. Elle interprète « Du danske sommer, jeg elsker dig » en glissant du murmure à des aigus maîtrisés. Jakob Munck lui répond en entonnant un chant guttural et accomplit une nouvelle prouesse vocale dans la comptine « Sommersolhvervssang ». Le raffinement de l’écriture fait de l’espace-temps un émerveillement. Les compositions s’imposent comme un assemblage de fluidité orchestrale et d’exaltation poétique.
I Sang demande de l’attention, rien ne s’y dévoile totalement à la première écoute, l’apesanteur en est la marque de fabrique. Pour autant, Jakob Anderskov ne se cantonne pas aux allégories du Grand Nord : son album effervescent en duo avec Airto Moreira, Ears To The Ground, démontre parfaitement la diversité de son inspiration musicale.