Citizen Eye

La muse de St-Germain des Prés

Gréco, les roses, la pluie, une photo.


Il y a des jours où même un petit Gersois est inspiré.
Récit illustré d’une rencontre unique et marquante entre un photographe et la grande dame de la chanson française, Juliette Gréco.

Juliette Gréco © Michel LABORDE 2002

Le 19 janvier 2002 je décide d’aller écouter « la fée du Tabou » qui se produit à « La Gespe » de Tarbes.
Il pleut des cordes, feu rouge trop longue attente, une boutique de fleuriste attire mon attention, je quitte ma torpeur et me gare :

- « Deux roses rouges s’il vous plaît ».

Sous mon parapluie, Juliette Gréco s’accroche à mon bras en tenant les fleurs pour arriver au sec jusqu’aux loges :

- « Pas de photos pendant la balance ! »
- « Bien Madame ».

Je tourne, je vire, elle me surveille et je m’installe en fond de scène.
Un peu plus tard elle me rejoint, je me sens examiné, jugé, soupesé jusque dans mon intimité. J’ai réussi l’examen : je suis adoubé.

S’ensuit une discussion chaleureuse pendant laquelle elle me parle cash de tout et même de rien :

- « Pendant le concert, tu fais toutes les photos que tu veux mais je ne veux pas te voir ».

Après le concert elle est heureuse, satisfaite de sa prestation. Reprise du dialogue autour de quelques verres de Chablis.
La pluie est toujours aussi forte, elle me redonne le bras, j’ouvre la portière de sa voiture :

- « Au revoir Madame. Merci ».