Chronique

Soro Midon Tessier guest Léa Ciechelski

Dancing Birds

Julien Soro (ss, ts), Gabriel Midon (cb), Ariel Tessier (dms) + Léa Ciechelski (as)

Label / Distribution : Autoproduction

Résultante d’un premier confinement artistiquement frustrant, Dancing Birds rassemble, dés l’été 2020, trois musiciens en manque de jeu et de créativité. Pour rattraper ces longues semaines d’inactivité, ils se jettent à corps perdu dans une formation réduite, forcément souple, où l’investissement de chacun contribue à l’allant général. De fait, l’engouement est bien là. Parvenant à dégager une ligne claire et lisible, les trois partenaires s’associent dans une conjonction mobile, tonique et confortablement installée dans le temps.

La basse mordante de Gabriel Midon apporte l’épaisseur nécessaire à cette musique sans harmonie tenue. Multi-instrumentiste capable de se mettre au service de nombreuses esthétiques, le contrebassiste fait montre d’un jeu plein, à l’aise sur tous les tableaux. Il trouve d’ailleurs en la personne d’Ariel Tessier un partenaire rythmique tout aussi investi (on peut l’entendre dans le power trio Sweet Dog ou encore au côté de Riccardo Del Fra, démontrant sa capacité à s’installer sur des territoires allant du frontal au nuancé). À eux deux, ils assurent une paire à la fois moteur et complément évident de Julien Soro (qui s’occupe, quant à lui, de Big Four et joue dans l’Orchestre National de Jazz de Fred Maurin). Au ténor principalement ou encore au soprano, le saxophoniste déroule un discours impeccable, à la fois maîtrisé et laissant cours à une impulsivité dont l’enregistrement rend compte (écoutez le titre « Squash with C » et son imparable ascension).

Or ce trio est, en réalité, un quartet. Dès le début de la constitution du groupe, la saxophoniste Léa Ciechelski, rencontrée sur les bancs de l’ONJ, a en effet rapidement été conviée à poser son alto sur quelques titres. Elle y apporte une fraîcheur différente, plus aérienne bien sûr, plus papillonnante également, une légèreté qui fait contrepoint à la densité de Soro et crée une association qui fonctionne. À tel point, d’ailleurs, qu’un véritable quartet réunissant ces quatre-là défendra prochainement un tout autre répertoire sous le nom de Big Fish. Pour l’heure, Dancing Birds aborde ses premières scènes, on y entend avec plaisir des compositions mélodieuses et entraînantes qui garantissent des moments enlevés propices certainement à des prises de risque enthousiasmantes.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 6 mars 2022
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