Chronique

Big 4

Seven Years [live]

Julien Soro (as, ts), Stéphan Caracci (vb), Fabien Debellefontaine (tba), Rafaël Koerner (d) + Quentin Ghomari (tp)

Label / Distribution : Neuklang / Harmonia Mundi

Quatrième disque pour Big Four, qui choisit de marquer le coup et d’en faire une fête d’anniversaire : sept ans déjà (huit désormais, l’album ayant été enregistré l’an dernier) que ce quartet pas comme les autres nous régale avec son jazz pas sage, qui remue tout le temps, qui répond aux adultes et a « oublié » ses devoirs. C’est en 2009 que Julien Soro (saxophones et compositions) a l’initiative de cette formation atypique, composée de Stéphan Caracci (vibraphone), Fabien Debellefontaine (sousaphone) et Rafaël Koerner (batterie), qui, depuis lors, nous régale d’une musique inventive, bouillonnante et réellement passionnante.

Quatrième disque pour Big Four qui opte ici pour un live. Présenté ainsi, ça peut faire un peu peur, sentir le réchauffé, le best-of ou pire, la commémoration. Mais rien de tout cela avec Seven Years. Le groupe ne propose pas une rétrospective mais célèbre sept années de bonheur partagé, et le fait avec ce qu’il est aujourd’hui. Enregistré lors de deux soirées consécutives au Triton, l’album est composé de 9 titres dont un seul figurait déjà sur la discographie du groupe. C’est donc bien un nouvel album de Big Four, et un très bon.

Quatrième disque pour Big Four, et un invité pour l’occasion, puisque le trompettiste Quentin Ghomari est de la fête - coéquipier de choix, très à l’aise dans l’univers du quartet. Il en ressort des conversations à plusieurs voix qui rappellent certaines ambiances chères à Ornette Coleman. Une belle place lui est est faite sur le spacieux « Zephyr », où il pose des sonorités envoûtantes et élégantes qui ont quelque chose en commun avec Jack Walrath, ce trompettiste qui fit des merveilles aux côtés de Mingus. Comme quoi les belles collaborations créent des instants rares, précieux et donc marquants. C’est le cas ici. « Voyou » ouvre le bal avec sa rythmique si efficace qu’on tape du pied avant même d’avoir atteint une minute de musique. Le très beau et puissant « Pretty Much Henry », dont l’interprétation ouvre le champ à de multiples émotions, est un bel exemple des qualités de compositeur de Julien Soro. La suite intitulée « Temps Libre », déclinée en quatre temps : « rêver - marcher - courir - danser », jouée en quartet cette fois, est un petit chef-d’oeuvre qui donne une idée du chemin parcouru en sept ans. On accélère avec « 160 bpm » et son magnifique solo de vibraphone qui court sur la batterie de Rafaël Koerner, ce batteur extraordinaire, souple et volubile, tandis que Fabien Debellefontaine nous prouve qu’on peut faire du slap sur un sousaphone !

Quatrième disque pour Big Four, au contenu riche et foisonnant d’idées, de rebondissements et de grooves dont le quartet a le secret, même quand il se fait quintet. Seven Years est un disque à la joie communicative, un instantané de ce qu’est Big 4 aujourd’hui, et ne laissera personne indifférent. Le quartet est sur une telle lancée que la suite ne devrait pas être triste.