Chronique

Klonk

Confusa

Andreas Völk (g), Malte Bogner (p), David Helm (b), Jonathan Reiter (dms)

Label / Distribution : Meta Records / Socadisc

Klonk. L’onomatopée résonne comme une corde distendue. Est-ce celle du piano de Malte Bogner, ou celle de la guitare d’Andreas Völk, qui signent tous deux les compositions de Confusa (Meta Records) ? Cela semble peu probable. A l’écoute de « L’aiguille du midi », l’élégance du premier, aperçu dans le Timshell trio au côté du batteur Jonathan Reiter semble sans défaut ; son dialogue plein de clarté avec le contrebassiste David Helm dévoile toute la cohésion d’un quartet capable de tisser en quelques notes une atmosphère tenace et néanmoins versatile. Quand au second, il gère à merveille les incessants changement d’intensité, qui ne proviennent d’ailleurs pas d’une tension défectueuse. A l’écoute, sur « Liebeslei », du riff volontairement dissonant qui donne du relief à l’archet du contrebassiste, puis en prêtant l’oreille au martèlement rageur du batteur qui balaie les dernières traces d’éther, on comprend qu’il s’agit avant tout d’exploiter au mieux l’espace entre les musiciens pour plonger le propos dans une fièvre rocailleuse.

Confusa est le premier album de Klonk, mais ses membres collaborent depuis de nombreuses années. Ils n’en demeurent pas moins jeunes : le mur de Berlin est tombé avant qu’ils ne sachent en déchiffrer les graffiti. Ils incarnent la vivacité de la jeune scène de la capitale allemande, à l’instar du Melt Trio ou du Shotgun Chamber Trio. Le groupe navigue avec aisance entre la tentation de la pop raffinée, Helm apportant un enracinement solide (« Pierlucio » et sa montée en puissance du piano) et celle de l’abstraction bruitiste qui confine en silence lorsque l’initiative est laissée au très coloriste batteur (« Darben »).

On pourra regretter qu’il n’y ait pas plus de constance entre chacun de ces courts morceaux, mais il est indéniable que peu à peu, une identité se dessine. Klonk, c’est le son d’une charpente qui craque. Le témoin du mouvement invisible et indispensable qui empêche la superstructure de céder. Tel est sans doute le sens de la mystérieuse dynamique menant à « Quantenflug », le long morceau final où piano et guitare étirent le propos pour mieux en tester la résistance, sans qu’aucune digue ne rompe.

Les débuts de Klonk sont solides. Reste à éprouver la durabilité du groupe, que seul le temps révélera.