Chronique

Amalie Dahl’s Dafnie

St​å​r Op Med Solen

Amalie Dahl (as, el), Oscar Andreas Haug (t), Jørgen Bjelkerud (tb), Nicolas Leirtrø (b), Veslemøy Narvesen (dms, saw).

Label / Distribution : Sonic Transmissions

Membre de six formations scandinaves, activiste et force vive de nombreux collectifs et labels, avec une activité si dense, on se demandait si Amalie Dahl aurait le temps de donner une suite au premier album prometteur de son quintet Dafnie, sorti en 2022.

Composé d’elle-même aux saxophones et à l’électronique, Oscar Andreas Haug (entendu dans Bliss Quintet) à la trompette, Jørgen Bjelkerud au trombone, Nicolas Leirtrø (entendu dans I Like To Sleep ) à la contrebasse et la magique Veslemøy Narvesen à la batterie, cette dream team du jazz norvégien, génération des moins de 30 ans, s’installe dans la catégorie de ceux qui ne peuvent jamais décevoir.

Står Op Med Solen (« Debout avec le soleil ») sort au printemps 2024, conjointement sur Sonic Transmissions (le label de Ingebrigt Håker Flaten) et Aguirre Records, label belge, serti d’une tournée de 11 concerts dans un groupe de pays d’Europe dont on se se demande bien pourquoi la France est absente.

C’est avec l’énergétique single « We Don’t Want Your Stupid War » (« écrit après l’invasion russe de l’Ukraine, puis publié lorsque le conflit entre Israël et Gaza est devenu critique, pour collecter des fonds pour Médecins sans Frontières » nous a-t-elle confié), qu’Amalie Dahl présente sa musique. Elle dit l’avoir écrite en réaction aux « structures de pouvoir ultra-capitalistes du monde d’aujourd’hui ».

Le parti pris est donc d’offrir un voyage à rebours de la frénésie, voire avec une langueur étonnante (« Eco-echoes »), qui paraîtrait désinvolte si elle ne permettait pas aux musiciens de montrer le meilleur d’eux-mêmes. Le tandem batterie-contrebasse (Narvesen-Leirtrø) fait des merveilles en étirant le temps, tandis que les trois soufflants élaborent une palette de couleurs d’une grande harmonie. Il n’y a rien à ajouter.

Au-delà du pouvoir bénéfique de la musique, on sent que la saxophoniste danoise, qui a passé une partie importante de sa formation en Suède puis en Norvège, souhaite plus que jamais se recentrer. Cet album est en effet un clair et bel appel à l’unité, au rassemblement des forces.

S’il manque peut-être de climax, c’est sans doute parce que ce deuxième album, composé entièrement par Dahl, a été conçu comme un tout et est, de fait, rondement mené. Il conjugue deux confirmations importantes. D’abord celle de tout le bien que l’on pensait de ce quintet, puis de sa capacité à trouver et affiner ensemble un propos délicat et percutant. En somme, un véritable album de la maturité.

par Anne Yven // Publié le 14 avril 2024
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