Chronique

Max Johnson Trio

Orbit of Sound

Max Johnson (b), Anna Webber (ts, fl), Michael Sarin (dms)

Label / Distribution : Unbroken Sounds

Contrebassiste de la jeune génération new-yorkaise, Max Johnson cultive depuis de nombreuses années le goût des trios élégants. Son jeu très sobre avait été remarqué d’abord avec Kirk Knuffke et Ziv Ravitz, mais aussi, dans un contexte plus abstrait, avec Simon Nabatov pour le label Leo Records. Dans ce dernier trio, datant de 2017, on retrouvait le batteur Michael Sarin, qui est une pièce importante de Orbit of Sound, nouvel orchestre piloté par Johnson. Avec « Too Much Tuna », où le pizzicati économe de Johnson rencontre la vitesse d’exécution du batteur, on comprend que leur relation forte est la ligne de crête du trio ; cela libère la flûte d’Anna Webber qui vient compléter le triangle avec une verve qui n’emporte pas tout. On reste, avec ce disque, dans un grand équilibre et une approche très égalitaire.

Sarin, on le sait, est le genre d’équipier modèle. On l’a entendu chez David Krakauer, mais davantage encore chez Joe Fiedler ; sa capacité à toujours s’adapter à la direction prise par le contrebassiste, mais aussi à jouer dans de multiples contextes, est l’une des clés de ce bel album. Dans « The Professor », alors que Webber délaisse sa chère flûte pour un ténor très liant, il sait créer le climat idéal, insistant sur les tambours, dans une direction plus organique, plus profonde où la contrebasse acérée creuse de larges sillons. On aurait pu penser, au regard de l’univers très fort que propose Anna Webber dans ses propres projets, qu’il y aurait des heurts, des échauffourées entre contrebasse et saxophone. Il n’en est rien et, lorsque les choses deviennent plus abstraites, notamment lorsque le contrebassiste se saisit de l’archet, chacun avance de front, avec concorde et sens du collectif.

The Orbit of Sound célèbre le travail méticuleux de Max Johnson et sa capacité d’écoute. Le très beau « Shepherd’s Morning », en toute fin d’album, en est l’exemple le plus brillant, avec une ligne douce et pourtant minérale qui ouvre une voie où Webber s’engage avec douceur. On sait la jeune femme excellente à la flûte, elle démontre que son ténor très rond et clair a son mot à dire, et c’est une plage très contemplative que nous offre le trio, joliment mis en relief par le colorisme du batteur. Max Johnson est un nom à rapidement garder en tête. Il y a fort à parier que de chaque côté de l’Atlantique, ce musicien n’a pas fini de faire parler de lui.

par Franpi Barriaux // Publié le 20 novembre 2022
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