Chronique

Mike Westbrook

Band of Bands

Mike Westbrook (p, comp), Kate Westbrook (voc), Chris Biscoe (ts), Karen Street (acc), Pete Whyman (as, cl), Marcus Vergette (d), Coach York (dm).

Label / Distribution : Auto Productions

Sur la pochette, les cheveux blancs et les sourires dominent. Et pour cause : certains des musiciens de ce Band of Bands jouent ensemble depuis plus de 50 ans, et connaissent les partitions de Mike Westbrook et le chant de sa femme Kate Westbrook depuis tant de décennies que la proximité n’est plus un questionnement. Plus sûrement une évidence. Band of Bands est une célébration. Pas un anniversaire ou une commémoration solennelle, pas un dernier tour de piste ou un sinistre revival : pour re-vivre, il faut avoir arrêté. Si l’on écoute « Glad Day », avec le trio que Kate et Mike forment avec Chris Biscoe depuis un demi-siècle, il ne faut qu’un instant pour comprendre que cet orchestre et ces musiciens n’ont jamais cessé d’être vivants. Et même élégamment turbulents dans ce « Johnny Come Lately » qui signe souvent les orchestres majeurs du pianiste, lorsque le batteur Coach York a maille à partir avec la ligne des soufflants où Pete Whyman vient épauler Biscoe. Il va sans dire.

Dans ce morceau tout comme dans « Gas, Dust Stone » où brille le contrebassiste Marcus Vergette, c’est l’art des arrangements de Mike Westbrook qu’il faut apprécier ici, cette simplicité naturelle qui donne l’impression d’un costume sur mesure pour la vie de tous les jours, d’une fluidité ahurissante. Pour cela, outre les soufflants, le compositeur s’appuie sur la base rythmique solide de The Uncommon Orchestra, mais aussi sur l’accordéon de la fidèle Karen Street, dans les orchestres des Westbrook depuis Bar Utopia, en 1996. La relation de l’accordéoniste avec la voix fascinante de Kate Westbrook est merveilleuse, notamment dans le grinçant « Black Market » ; le couple et cette équipe de fidèles n’ont jamais cessé de raconter des histoires et Band of Bands renoue avec cette théâtralité qui se glisse toujours entre Ellington et Kurt Weill. Et crée une fructueuse dimension westbrookienne.

Outre qu’il célèbre la fraternité de ces musiciens britanniques, le septet de Band of Bands est un évènement majeur. Après quelques années consacrées aux soli et aux rééditions [1], c’est le premier disque en orchestre de Mike Westbrook depuis les confinements. On est heureux de constater qu’il n’a rien perdu de sa verve et de cette élégance revenue de tout, qui n’a pas besoin de surenchère pour briller, à l’instar de ses camarades venus célébrer l’amitié et passer en revue les plus belles partitions de ce monument du jazz européen.

par Franpi Barriaux // Publié le 3 novembre 2024
P.-S. :

[1Le catalogue en ligne de la discographie Westbrook est exhaustif.