Chronique

David Mirarchi

Ink Folly, Orchid Gleam

David Mirarchi (as), Mathias Højgaard Jensen (b), Eliza Salem (dms).

Label / Distribution : Unbroken Sounds

Basé à Brooklyn, le saxophoniste David Mirarchi est de ceux dont on sait au bout de quelques secondes qu’ils n’ont pas fini de faire parler d’eux. Inutile de chercher trop longtemps une discographie pléthorique : le jeune homme n’en est, avec Ink Folly, Orchid Gleam, qu’à son second album, toujours sur le label du contrebassiste Max Johnson, Unbroken Sounds. C’est pourtant une autre base rythmique qui accompagne un alto très tonique. À la batterie, on découvre la jeune New-yorkaise Eliza Salem qu’on espère entendre, elle aussi, très rapidement dans de nouvelles aventures : au centre de « Ink Folly, Orchid Gleam », elle offre un solo très riche, centré sur les peaux et dénué de bavardage. Pour l’accompagner, le contrebassiste danois Mathias Højgaard Jensen, installé de longue date à New-York, est le gage d’une solidité à toute épreuve, ce qui ne remet pas en cause sa grande musicalité.

C’est grâce à la complémentarité de ses compagnons que Mirarchi peut exprimer tout son lyrisme : l’élève de Dave Liebman a été à bonne école. Dans « Lick The Blind Spots », la seconde partie d’un disque conçu comme un tout, le passage à l’archet de Jensen contraint d’abord l’alto à la retenue et à une certaine douceur ; le jeu de Salem se fait, lui aussi, plus coloriste. Mais à mesure que la contrebasse insiste, reprenant des pizzicati plus marqués sans perdre de rondeur, la nervosité du saxophone reprend le dessus, sans chercher à semer le chaos. On perçoit que tout pourrait éclater et partir droit devant en un seul signal ou le temps d’un feulement, mais le trio garde le flegme d’une élégance qui ne tient parfois qu’à un fil à mesure que le temps s’accélère.

Né d’un poème écrit, nous dit-on, par Mirarchi dans un bus qui le ramenait dans sa Pennsylvanie natale, ce premier disque en trio nous offre une très belle fenêtre sur la jeune garde de New-York qui parvient toujours à donner de nouveaux angles à la tradition, grâce à d’excellents architectes. Le morceau-titre est un feu d’artifice que « Lick The Blind Spots » tempère par un propos plus abstrait et tortueux. On s’intéressera également à Paper Attic, en quartet cette fois, où s’ajoute à l’orchestre la remarquable pianiste Maya Keren, pour en avoir la certitude : ce n’est pas la dernière fois que nous évoquons ces musiciens.

par Franpi Barriaux // Publié le 18 février 2024
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