Chronique

Emanuel Harrold

We Da People

Emanuel Harrold (dm, g, b, synth), Keyon Harrold (tp), Jahmal Nichols (b), Tivon Pennicott (ts), Joel Holmes (p), Brian Owens (voc)

Label / Distribution : Gearbox Records

Le batteur Emanuel Harrold est d’abord connu comme compagnon de route de Gregory Porter, d’ailleurs présent sur un titre de ce disque qui est son premier album en tant que leader, après quelques EP à son nom. Il a aussi joué avec le trompettiste Ambrose Akinmusire et les rappeurs historiques De La Soul. On retrouve ces inclinations post-bop et hip-hop dans un répertoire en forme de « prod » qui fleure bon la nu-soul et le funk, avec une net tropisme « gospelisant », tant dans les voix façon preaching, les chœurs churchy que dans les grooves lancinants. Le rap est assuré ici par la voix de l’acteur/performeur Malcolm-Jamal Warner [1].

Les codes musicaux sont agrégés dans des assemblages kaléidoscopiques issus d’un patrimoine intime, dans une production analogique presque artisanale, marque de fabrique de l’excellent label londonien Gearbox. On a la sensation d’une musique familiale, concoctée dans l’espace domestique d’un foyer afro-américain contemporain - son frère est d’ailleurs à la trompette. Les soufflants donnent à plusieurs morceaux des atours d’hymnes joyeux et émancipateurs dans les tutti, quand ils ne se livrent pas à des chorus aux effluves hard-bop. Parfois, les synthétiseurs couinent dans un registre qui n’est pas sans rappeler les B.O. des films « blaxploitation ». Une spiritualité dansante et amoureuse émerge de cette fresque musicale, qui s’écoute comme on feuilletterait un album de famille.

par Laurent Dussutour // Publié le 20 août 2023
P.-S. :

Avec : Crystal « Crissy » Ransom (voc), Charles Ransom II (voc), Malcolm-Jamal Warner (voc)

[1Il doit ses prénoms à Malcolm X et Ahmad Jamal, même si ce dernier n’est pas le cousin du premier !