Chronique

James Brandon Lewis

An UnRuly Manifesto

James Brandon Lewis (ts), Jaimie Branch (tp), Anthony Pirog (g), Luke Stewart (cb), Warren Trae Crudup III (d)

Label / Distribution : Relative Pitch

Le saxophoniste James Brandon Lewis aurait-il enfin trouvé sa voie ? Auparavant, on ne savait jamais trop à quoi s’attendre de lui. Il réservait des surprises à chaque tournant, prenant souvent tout le monde à contre-pied. Sa dernière livraison affiche de la continuité. On retrouve les protagonistes de l’album précédent, No Filter, c’est-à-dire le guitariste Anthony Pirog, le contrebassiste Luke Stewart et le batteur Warren Trae Crudup III, avec en renfort, et on ne s’en plaindra pas, la trompettiste Jaimie Branch.

Avec un son à couper au rasoir à mi-chemin entre Sonny Rollins et John Coltrane, Lewis fait merveille sur des thèmes enivrants et souvent puissants. Il prend maints soli bouillonnants et rugueux. Il a par ailleurs trouvé en Branch une musicienne capable de lui donner la pareille, de dialoguer et de s’enflammer. Les interventions de la souffleuse sont d’ailleurs bien plus inspirées et variées qu’à la proue de ses propres formations. De surcroît, les deux complices savent également donner libre cours à leur lyrisme pour quelques moments de pure extase.

Hormis « Escape Nostalgic Prisons » qui est une foire d’empoigne très free d’une rare intensité, les morceaux reposent sur un riff entêtant joué par Pirog qui le module à volonté, ainsi que sur le jeu musclé de Stewart et celui, foisonnant, de Crudup III. Leur polyvalence et complémentarité sont des atouts certains que Lewis sait exploiter.

Enfin, une des originalités de An UnRuly Manifesto est l’inclusion d’un prélude, de deux interludes et d’un postlude d’une surprenante brièveté proposant des thèmes qui auraient pu être facilement développés. Mais ils jouent un rôle salutaire en venant rythmer le programme le plus cohérent que Lewis nous ait jamais offert.