Scènes

Kyle E. s’est fait un prénom

Kyle Eastwood en concert à Vienne


Dans le cadre d’un concert automnal de Jazz à Vienne, Kyle Eastwood, en tournée en France, a interprété son dernier album, Metropolitain, sans doute le plus abouti. A 41 ans le fils aîné de Clint affiche sa forte personnalité et sa singularité entre jazz pur et influences des plus contemporaines.

Jazz à Vienne ne produit pas seulement des concerts au goût d’été et de vieilles pierres cuivrées à force de notes bleues. Il en co-produit aussi tout au long de l’année, soit avec l’Auditorium à Lyon, soit avec le délicieux et intimiste théâtre à l’italienne de Vienne. C’est dans ce dernier cadre que s’est produit Kyle Eastwood le 21 novembre 2009 - l’occasion pour Jean-Paul Boutellier, programmateur du festival, de présenter en avant-première, l’affiche de l’édition 2010, la trentième, qui se déroulera du 25 juin au 9 juillet

K. Eastwood © Jean-Marc Laouénan/Vues sur Scènes

Kyle Eastwood s’est déjà produit au théâtre de Vienne en 1999 dans le cadre du « Club de Minuit » de Jazz à Vienne, qui prolonge chaque soir, dans une atmosphère « cabaret », la scène du Théâtre antique. Il n’était encore à l’époque que le fils (aîné) du grand Clint, lui-même grand amateur de jazz et honnête saxophoniste. Dix ans après, une chose est sûre : Kyle s’est fait un prénom. Ce concert, qui inaugure une tournée française, ne laisse planer aucun doute.

Bassiste, contrebassiste, compositeur au talent de plus en plus affirmé, Kyle Eastwood, 41 ans, interprète essentiellement, sur la scène du théâtre, les compositions de son dernier disque, Métropolitain [1] qui, plus groovy et plus abouti que Paris Blue (2004) et Now (2006), marque un tournant esthétique vers une plus grande modernité.

En bon admirateur du talent d’autrui, Kyle E. laisse une large place aux impros débridées de ses jeunes accompagnateurs, Graeme Flowers à la trompette et Graham Blevins au ténor. Le concert est émaillé de savoureux dialogues basse/piano ou trompette/ténor et le contrebassiste se livre à un surprenant solo à l’archet qui s’aventure presque sur les sentiers de la musique classique. Le gros du répertoire de Metropolitain [2] a été écrit en collaboration entre Kyle Eastwwod, Michael Stevens, le pianiste du groupe Andrew McCormack, et Ben Cullum [3]. Auteur de la musique du superbe film de son père Gran Torino, mais aussi de Mystic River, Million Dollar Baby et Lettres d’Iwo Jima, Kyle - qui a connu à quinze ans une courte carrière de comédien dans « Honkytonk Man » - s’est ainsi forgé un style personnel entre jazz traditionnel et influences contemporaines, notamment funk et électro. Il ouvre le bal avec « Métropolitain », morceau-titre d’une beauté captivante, puis enchaîne avec « Bold Changes », un blues en demi-teinte, et le mélodique « Hot Box », avant un « Live For Life » auquel il faut ajouter une « Samba for Vienne » des plus savoureuses. Kyle Eastwood termine avec un inattendu « Big Noise from Winnetka » (Gene Krupa), joliment revisité.

Kyle Eastwood cet été au Théâtre antique ? A l’écoute de sa prestation automnale, l’éventualité semble des plus plausibles…

par Dominique Largeron // Publié le 13 décembre 2009

[1Harmonia Mundi.

[2Produit avec Erin Davis, fils de Miles.

[3Frère de Jamie Cullum