Chronique

Lionel Malric

Solo pour 227 Cordes

Lionel Malric (p, objets)

Label / Distribution : Autoproduction

Lionel Malric est membre du collectif Grand Chahut collectif, d’où est issu le trio Le nœud logique, avec lequel il a enregistré un album en 2009 en compagnie de la batteuse nippone Yuko Oshima. Il participe par ailleurs à bon nombre de formations en lien avec le théâtre ou le spectacle de rue. Multi-instrumentiste (accordéon, trombone, percussions, Fender Rhodes…) c’est sur son instrument de prédilection, le piano, qu’il se lance dans un premier album, enregistré live sur son Erard de 1908, vénérable instrument qui le suit partout. Solo pour 227 cordes l’utilise dans toutes les ressources, voire au-delà. Ici, le mot « préparé » ne suffit plus… Lionel Malric invente de nouvelles sonorités, de nouvelles manières d’altérer le système complexe de son piano. Lui-même préfère d’ailleurs le terme de « réformé » pour cerner son imagination débordante : il utilise aussi bien le maillet de vibraphone que le verre à pied ; quoi qu’il en soit, on aura peine à définir vraiment cet environnement sonore, qui oscille entre abstraction minimaliste (« Un cercueil pour une harpe ») et groove cabossé (« Au milieu de l’intérieur ») .

Le documentaire vidéo inclus (également disponible sur Dailymotion) nous informe avec acuité sur cette démarche aussi musicale que visuelle en montrant le travail quasi charnel de Malric au cœur même de l’instrument et les bricolages incessants auxquels il se livre sur le fil de l’improvisation, sans jamais tomber dans l’exercice de style. Solo pour 227 cordes peut çà et là être déroutant. Mais tel est le but recherché par ce créateur qui, en dix morceaux, imagine autant de mondes parallèles, autant d’histoires oniriques peuplées de sonorités inouïes - au meilleur sens du terme.