Chronique

Matías Riquelme - Benjamín Vergara

Asimetrias

Matías Riquelme (vlc), Benjamín Vergara (tp)

Les Chiliens Matías Riquelme et Benjamín Vergara s’aventurent sur les terres de l’improvisation libre avec un appétit de musique qui rend le duo particulièrement réussi. Utilisant une large palette expressive sur leurs instruments respectifs, ils font sonner les cordes et le laiton avec la totalité des sonorités périphériques mises à leur disposition. Ainsi, le grain épais fait de grincements ou de crachotements se transforme en éléments tragiques et profonds qui captent l’auditeur.

À partir d’un répertoire réunissant des pistes plutôt brèves et qui vont souvent à l’essentiel du moment improvisé, le violoncelliste, que nous avions découvert avec un autre duo, La Trahison des Mots paru en 2020, déroule un ensemble de propositions allant toujours de l’avant avec un sens primitif qui donne de l’authenticité à son propos. Les basses entêtantes roulent sous ses doigts, ouvrent une multiplicité de torrents caillouteux ou tissent de larges nappes cramoisies sur lesquelles la trompette de Vergara se contorsionne.

Familier de la scène expérimentale sud-américaine (il a aussi joué avec Fred Frith ou Fred Lonberg-Holm), ce dernier donne plusieurs visages à son instrument, de la douceur à la douleur, et s’engage dans l’instant avec une assurance altière. Instaurant un dialogue hiérarchisé mais complémentaire aux contours bien dessinés, les deux créent des atmosphères mouvantes faites d’ombres et de lumières, et toujours généreuses.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 18 février 2024
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