Chronique

Nicolas Gardel, Rémi Panossian

The Mirror

Nicolas Gardel (tp), Rémi Panossian (p)

Label / Distribution : Brouhaha/L’Autre Distribution

Quand on évoque un pianiste, la référence à Keith Jarrett vient facilement au point qu’on aurait vite fait de la galvauder. Sauf qu’ici, à l’écoute du jeu de Rémi Panossian, l’erreur serait de ne pas le citer. Très certainement le répertoire du duo, entre compositions originales et reprises de standards, y contribue. Mais placer cet album dans la lignée de ses très grands prédécesseurs s’explique avant tout par sa puissance et sa densité. On est littéralement soufflé. Et pas seulement par le piano. Le jeu du trompettiste toulousain couvre un champ gigantesque. L’intensité et la précision de ses phrases, très souvent longues et envolées, semblent en effet réglées au micro-millimètre et on reste coi tant devant l’excellence de chacun des musiciens que devant l’articulation qu’ils opèrent entre leurs jeux respectifs.

Eux se connaissent depuis longtemps mais n’avaient jamais enregistré ensemble, sinon sur le dernier album du RP3 où Nicolas Gardel était, avec d’autres, invité. Mais quand on suit la scène toulousaine, on sentait que c’était en gestation et c’est fort heureux. L’album qu’ils publient ici est fait de reprises de grands classiques et de compositions dues à l’un ou l’autre des musiciens quand ils ne co-signent pas. Les thèmes sont d’une puissance phénoménale, ainsi qu’en témoigne « Dive With Me », pour ne citer que le morceau - magnifique, soit dit en passant - qui ouvre l’album.

Il y a un effet, plutôt des effets miroir. Entre les deux musiciens bien entendu, entre standards et compositions originales tout autant. C’est ingénieux car d’une construction solide et c’est superbe car fin comme un ouvrage de très belle dentelle.