Chronique

Satoko Fujii / Ramon Lopez

Confluence

Satoko Fujii (p), Ramon Lopez (dm)

Label / Distribution : Libra Records

Satoko Fujii et Ramón López n’avaient joué qu’une seule fois ensemble (en trio) avant de se retrouver à New York pour enregistrer le magnifique album Confluence. La pianiste japonaise se souvient : « Cet enregistrement a été une sorte de miracle pour moi. Nous n’avions parlé de rien avant de jouer. Ramón est une personne au grand cœur. Lorsque nous avons commencé l’enregistrement, quelque chose m’est apparu auquel je ne m’attendais pas. Je sentais que la pièce était remplie de musique et d’amour. C’était un si beau moment que j’ai fini par jouer de manière très calme et paisible. » Les mots de Fujii résume parfaitement ce que l’on peut ressentir à l’écoute de Confluence.

L’album débute tout en délicatesse avec « Asatsuyu » (rosée du matin en français) où les deux musiciens se tournent autour, s’apprivoisent, prennent le temps de se découvrir tout au long des cinq minutes du morceau. Vient ensuite un morceau plus exalté, « Road Salt », construit sur un motif japonisant que López soutient à merveille, mélangeant une caisse claire presque martiale et des cymbales viriles. « Run ! », comme son titre l’indique, est une course-poursuite échevelée, menée à un train d’enfer, où Fujii et Lopez font montre d’une très belle entente et d’un joli sens de la formule.
Dans « Winter Sky », morceau plus bruitiste, la pianiste japonaise commence par frotter les cordes de son piano, l’utiliser comme percussion, lancer des motifs qui semblent s’interrompre pour mieux renaître un peu plus loin, avant que la musique ne prenne une tournure répétitive portée par le jeu dense et puissant de López.

« Three Days Later », composition de Satoko Fujii, est une mélodie tendre et aérienne qui met en valeur son jeu délié et subtil. Dans « Tick Down » on est épaté par le drumming toujours juste et inventif de Ramón López, son travail sur les timbres et son sens de la repartie.
« Quiet Shadow », lente introspection aiguisée, témoigne s’il en était besoin de la folle alchimie et de la grande musicalité de ces deux beaux musiciens.
Enfin, « Confluence » invoque Satie, joue sur les résonances, les silences et l’espace pour clôturer en beauté l’album sur une note grave et mélancolique. Un album lumineux.