Chronique

Will Galison, Karim Maurice & La Camerata

Odysseus Fantasy

Karim Maurice (p), Will Galison (harm), La Camerata

Label / Distribution : ODRADEK

C’est une drôle de pièce que cet Odysseus Fantasy. D’abord parce que Karim Maurice a choisi de raconter en musique l’Odyssée… sans aucune voix. Ensuite parce que la formation rassemble un orchestre, en l’occurrence La Camerata, et un harmoniciste. La juxtaposition de deux entités instrumentales n’est pas une première et on rappellera qu’il y a quelques années, le NDR Big Band s’était adjoint la guitare nucléaire de Nguyên Lê pour revisiter Dark Side of the Moon. Ici aussi on perçoit avec évidence ces deux entités musicales et le jeu de Will Galison – est-ce lui Ulysse ? – s’accorde complètement au volume de l’orchestre. Il surfe même dessus et l’alchimie s’avère tout à fait adaptée.

Au milieu de tout ça, on trouve Karim Maurice et s’il y a quelques plages où son piano se détache, notamment sur « Calypso Symphony », c’est avant tout comme pilote de ce grand projet qu’il figure ici. Il a en effet composé l’ensemble des pistes en plus d’avoir conçu ce qui ne semble pas être une mince affaire.

L’œuvre est souvent majestueuse, comme on pourrait s’y attendre avec la présence d’un orchestre, et la contribution de Will Galison complètement à propos, sans surenchère ni tiédeur. Car c’est bien entre La Camerata et l’harmoniciste que cela se joue, et l’on sent que tout est pesé exactement comme il faut, avec justesse et équilibre. Tout cela dure près de 75 minutes et il n’en fallait certainement pas moins pour raconter les tribulations homériques.