Chronique

Whit Dickey Quartet

Astral Long Form : Staircase In Space

Whit Dickey (dm), Rob Brown (as), Mat Maneri (vla), Brandon Lopez (b)

Label / Distribution : Tao Forms

Whit Dickey est un habitué des colonnes de Citizen Jazz. On a déjà pu le croiser à de nombreuses reprises, notamment en duo avec le cornettiste Kirk Knuffke, en trio avec Ivo Perelman et Matthew Shipp ou même en quartet avec Matthew Shipp, William Parker et Rob Brown. Le batteur américain est un adepte des petits comités, puisant dans l’intimité d’une relation franche et directe où sa batterie élastique et volubile ainsi que son sens de l’écoute sont souvent gages de belles réussites discographiques. On le retrouve sur Astral Long Form : Staircase In Space, en compagnie de Rob Brown et Brandon Lopez (avec qui il avait déjà gravé le beau Expanding Light en 2020) auquel s’ajoute l’altiste Mat Maneri.

Ces quatre-là sont rompus aux arcanes de l’improvisation libre. Ils se connaissent par cœur. Pas de round d’observation : tout le monde se jette à l’eau sans peur d’éclabousser le voisin. Dès les premières secondes de « Blue Circuit », on est dans le grand bain. Dickey, en maître de cérémonie, lance les hostilités sur ses cymbales, vite rejoint à l’archet par le démoniaque Brandon Lopez et par les stridences de l’alto de Maneri. L’alto brûlant de Rob Brown entre finalement en piste éclairant la scène de son lyrisme brut. La musique déroule, avance, inexorablement ; chaque musicien apporte son écot, canalisant son moi, le rendant miscible dans l’autre. Les quatre autres morceaux sont du même acabit. Une heure plus tard, le voyage se termine. On est finalement arrivé à bon port sans encombre. Cette musique-là est exigeante, c’est sûr, mais pour peu qu’on l’accueille et qu’on lui réserve une écoute attentive, elle ne cessera de vous surprendre et vous procurera un plaisir non feint.

par Julien Aunos // Publié le 18 septembre 2022
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